-Le 30 août 2013. C'est la date butoir qu'a fixé une directive du 9 juillet dernier signée du premier ministre Abdelmalek Sellal adressée au ministre des Finances. Il faut restituer à cette date les résultats de «réflexion» sur la réduction des importations et des transferts à l'étranger. Interpellé par la presse sur cette question la semaine dernière, en marge de l'ouverture de la session parlementaire, le ministre des finances Karim Djoudi a fait mine de ne pas être au courant d'une telle échéance. Il semble que l'urgence se soit relativement relâchée avec l'annulation d'une loi de finances complémentaire pour 2013 pour cause d'impotence présidentielle. Il reste que la patate chaude de la dégradation de la balance des paiements circule toujours dans les couloirs du palais du gouvernement. Point de départ de la correspondance du premier ministre, en effet, la hausse de 13,7% des transferts vers l'étranger au terme des 5 premiers mois de l'année 2013 rapportés à la même période en 2012. Tendance confortée par la poursuite de l'augmentation des importations en 2013, 49 milliards de dollars de facture prévus, contre 46 milliards de dollars en 2012. Ce qui déconcerte dans l'interpellation écrite adressée par Sellal à Djoudi, c'est l'insistance sur l'échec du recours au Credoc pour freiner les importations. Le Credoc «n'a pas permis une régulation optimale des opérations de commerce extérieur» déplore le Premier ministre pour stigmatiser un effet collatéral... Il a permis «de renforcer les banques privées qui financent 50% du commerce extérieur» et «a profité beaucoup plus aux fournisseurs et aux banques correspondantes». Déconcertant, en réalité, au moment de conclure. Alors que l'on s'attend, en bas d'un tel constat, à une invitation à revenir en douceur à la situation d'avant 2009 lorsque le financement du commerce extérieur était dominé par le transfert libre, le premier ministre demande des recommandations pour «mieux encadrer le Credoc au seul profit de l'économie nationale». Cela paraîtrait bien dérisoire si la suite de la correspondance ne donnait pas une intonation dramatique au problème. Parmi les «recommandations et mesures concrètes et urgentes à mettre en œuvre en vue de réduire le niveau des importations et transferts vers l'étranger» une première suggérée par le premier ministre détonne : restaurer l'autorisation d'importation. Abdelmalek Sellal utilise des circonvolutions pour le dire : «Intervenir en amont, en désignant une autorité chargée de délivrer des accords ou des refus...». Aux dernières nouvelles, le patronat aurait réussi à faire comprendre au premier ministre qu'il avait été très mal conseillé sur ce coup. Les autres pistes pour réduire les importations et les transferts sont presque du même tonneau. La panne d'idées est complète. Ambiance années 80 d'avant les cahiers de la réforme. -Le G20 de Saint Petersbourg de la semaine dernière n'a pas parlé que de Syrie. La crise financière de 2008-2009 a été amortie dans le monde par le dynamisme des pays émergents. Le recul de la croissance des BRICS a été la grande préoccupation des places financières durant l'été. Certes, la Chine après être passée sous les 8% de croissance de son PIB au premier trimestre de l'année a redressé légèrement son indice de production industrielle par rapport aux prévisions. Mais le Brésil, l'Afrique du sud et la Russie continuent de freiner, alors que d'autres Emergents comme la Turquie ralentissent aussi. Mais pourquoi est-ce que les bourses s'en inquiètent-elles ? Parce que les monnaies des Emergents sont désormais menacées d'être attaquées. Flux sortants. Désinvestissement. Le real brésilien est le premier sur la ligne de front. La crise subite de la zone Asie de 1997 est dans tous les esprits. En Thaïlande, à Singapour, aux Philippines, puis à Taïwan et en Corée du sud, la parité des monnaies locales face au dollar a dévissé au premier ralentissement de la croissance. C'est, il faut le lui rendre, Kamel Benkoussa, trader algérien dans un fonds d'investissement à la City de Londres qui avait prévenu le premier de ce risque le public algérien. C'était en juin dernier lorsque, à l'antenne de la radio-web Maghreb M, il indiquait que l'annonce par le président de la FED américaine Bern Bernanke de la fin progressive du programme de facilités de financement conduit par son institution, allait nuire aux économies émergentes en premier lieu. Les capitaux à taux quasi nul ont été utilisés par les investisseurs ailleurs qu'aux Etats Unis. Là où les marchés étaient porteurs. La remontée des taux annoncée signifiait le ralentissement des flux vers les Emergents. C'est ce qui s'est déroulé cet été. Et qui a rendu les monnaies du Brésil et de la Turquie plus fragiles. Pour l'économie algérienne, le ralentissement du dynamisme des BRICS et des autres Emergents aussi est une mauvaise nouvelle. C'est leur consommation interne expansive qui a maintenu à un niveau historiquement élevé les cours des matières premières, à leur tête le pétrole. La crise syrienne ne maintiendra pas longtemps le prix du baril au-dessus de son niveau réel de marché. -Pénurie absolue de sièges d'avion au départ d'Alger vers l'Europe, et de Tunis vers Alger durant les quinze derniers jours des vacances d'été. Phénomène récurrent symbolique d'un secteur semi-fermé. La destination Algérie est la plus chère du Maghreb au départ de France. En théorie, cela arrive lorsque les lignes ne sont pas rentables. Dans notre cas, c'est l'inverse. La marge brute sur un Paris-Alger est l'une des plus fortes du transport aérien mondial. Air Algérie donne le la. Jusqu'à 700 euros plein pot en haute saison. C'est sa niche pour boucher les trous d'air d'un compte d'exploitation typique d'une entreprise publique algérienne. Air France et Aigle Azur s'alignent, trop heureux de l'aubaine. De l'autre côté de «la niche», l'économie algérienne est privée tous les ans de la visite d'une partie de sa diaspora de plus en plus ample et solvable dans le monde. Le coût du manque à gagner est un chantier d'étude pour le ministère du Tourisme. Ouvrir le ciel d'Algérie pour faire décoller les flux des visites n'est pas prévu dans l'agenda du gouvernement. La protection d'Air Algérie et la délivrance des visas non pas vraiment par le ministère des affaires étrangères mais plus réellement par celui de la défense nationale, sont les constantes de la politique algérienne de connexion au monde. La tonalité générale est ainsi décrite dans une des propositions de Sellal dans son courrier à Djoudi. «Freiner la consommation des ménages...». A défaut de savoir surfer sur la croissance et l'ouverture. Freiner. Fermer.