L'Allemagne a jugé l'offre russe «intéressante» et le Royaume-Uni de «bienvenue». Il n'y aura probablement pas de frappes occidentales contre la Syrie. Du moins pas à court terme. La proposition faite par la Russie de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international a en effet été accueillie positivement par de nombreux pays, dont les Etats-Unis. L'offre faite par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, acceptée par le gouvernement syrien en vue d'empêcher une frappe contre son pays, a été même qualifiée d'«importante» par le président Barack Obama. Du coup, Moscou coupe l'herbe sous le pied du président français, François Hollande, qui veut absolument «enterrer» au plus vite Bachar Al Assad sous un tapis de bombes. Le président américain a affirmé, par ailleurs, lors d'interviews accordées à plusieurs chaînes de télévision américaines, que «les déclarations des Russes aujourd'hui (hier, ndlr) et celles des Syriens représentent un développement potentiellement positif». M. Obama a toutefois signalé que son secrétaire d'Etat, John Kerry, allait s'entretenir avec son homologue russe, Serguei Lavrov, afin de s'assurer «du sérieux de ces propositions» sur le terrain, ajoutant qu'il avait toujours préféré «une solution diplomatique à ce problème». L'appui inattendu d'Obama Pour le locataire de la Maison-Blanche, c'est la menace d'une frappe militaire des Etats-Unis, appuyée potentiellement par un certain nombre de pays à travers le monde, qui a amené le gouvernement syrien à accepter l'offre de la Russie. En faisant une telle déclaration, il cherche bien évidemment à sauver la face. La vérité est que Barack Obama, qui, au départ, était effectivement rétif à l'idée d'attaquer la Syrie, a fini par changer d'avis et lancer une bataille politique pour convaincre l'opinion américaine du bien-fondé d'une frappe contre le régime syrien. Cependant, il n'est pas arrivé à imposer ses arguments. Les sondages montrent d'ailleurs toujours une hostilité de l'opinion publique américaine à des frappes militaires américaines. A ce propos, M. Obama a reconnu qu'il n'était pas sûr de gagner le vote du Congrès pour sa requête qu'il avait annoncée il y a une dizaine de jours. Et de ce côté-là, il n'est pas faux de dire que les choses ne se présentent pas bien pour lui du moment où le vote de procédure, prévu pour aujourd'hui au Sénat sur le recours à la force en Syrie, a été reporté à une date indéterminée. Bref, Barack Obama est aujourd'hui bien obligé d'accepter l'idée qu'il ne pourra pas aller guerroyer au Proche-Orient. Cependant, rien ne l'empêche d'essayer de faire passer une défaite pour une victoire. Mais quoi qu'il en soit, l'initiative russe lui offre une sortie plutôt honorable puisqu'il n'aura plus à prendre le risque de subir un affront politique au Congrès. En plus donc des Etats-Unis, il faut savoir que la proposition russe a reçu le soutien de plusieurs autres pays. La Chine a estimé que «tant que cette proposition est porteuse d'un allègement de la tension en Syrie et qu'elle va dans le sens d'une résolution politique de la crise syrienne, en maintenant la paix et la stabilité en Syrie et dans la région, la communauté internationale doit y accorder du crédit». L'Algérie a, pour sa part, salué une initiative qui est de nature à contribuer à l'émergence d'«une nouvelle dynamique» pour résoudre la crise en Syrie et «éloigner le spectre et les perspectives de la guerre». L'Allemagne a, de son côté, jugé l'offre russe «intéressante», et le Royaume-Uni de «bienvenue». Les conditions de Paris Reste la France, farouche partisane d'une intervention militaire en Syrie. Les autorités françaises paraissent aussi avoir compris qu'elles avaient intérêt, dans l'immédiat, à accepter la proposition russe. Même si celle-ci a pour effet de sauver la tête de Bachar Al Assad. Dans le cas d'un refus, elles prendraient en effet le risque de se retrouver isolées sur la scène internationale, ce que ne veut visiblement pas François Hollande. Les Français se disent ainsi disposés à soutenir l'initiative de Moscou, mais à condition que le président syrien Bachar Al Assad «s'engage sans délai à mettre sous contrôle international et à laisser détruire l'ensemble de son arsenal chimique». En revanche, la Coalition de l'opposition syrienne qui a qualifié l'initiative russe de «manoeuvre politique» a réclamé «une riposte internationale appropriée» contre le régime syrien. Le 21 août dernier, des centaines de personnes avaient, rappelle-t-on, été tuées dans une attaque présumée à l'arme chimique à Al Ghouta près de la capitale Damas. L'opposition syrienne et des pays occidentaux avaient directement accusé le régime syrien d'être responsable de cette tuerie. Les autorités syriennes rejetèrent ces accusations et imputèrent au contraire cette attaque aux rebelles, affirmant que ces derniers ont commis cet acte pour justifier une intervention étrangère. C'est, d'ailleurs, à ce moment-là que des pays occidentaux avaient jugé utile de réitérer la nécessité d'intervenir militairement en syrie.