Derrière le film montré à Cannes, en avant-première mondiale, il y a un roman vendu à... 30 millions d'exemplaires, mais surtout un grand homme, un peintre de génie, un humaniste qui œuvre pour la science et la modernité : Leonardo da Vinci. D'origine florentine, né en 1452, d'un père notaire et d'une mère paysanne, il reçoit une solide éducation auprès des peintres de Florence, où les arts comme les fortunes sont en plein bouillonnement. A l'âge de 30 ans, en 1482, Leonardo est au service du duc de Milan, Ludovic Sforza. Il est à la fois peinture, architecte, décorateur, sculpteur, organisateur de tournois chevaleresques, de bals masqués... Leonardo écrit de nombreux essais, fruits de ses expériences en botanique, hydraulique, anatomie, géologie... Sa devise « l'art n'est qu'une manière de découvrir le monde et de soumettre le savoir à l'expérience » est loin d'être conforme aux canons religieux de l'explication du monde par la Bible. Aussi, pour éviter les ennuis, Leonardo rédige ses notes en langage codé. Non par goût du mystère et de l'ésotérisme (version Dan Brown, l'auteur de Da Vinci Code), mais pour échapper à l'Inquisition et éviter le bûcher. Leonardo da Vinci reste près de vingt ans à Milan. Il peint son fameux tableau La Cène dans le réfectoire du couvent dominicain Sainte Marie des Grâces. Ce tableau qui se trouve au cœur du film, de toute l'histoire, c'est un thème religieux. Le tableau montre le dernier repas de Jésus en compagnie de ses disciples et le moment où il déclare : « En vérité, je vous le dis, l'un de vous va me trahir ». Ce tableau est l'occasion pour Leonardo d'expérimenter une nouvelle technique de détrempe sur plâtre et de peinture à l'huile qui ferait la synthèse entre les fresques du Sud et les peintures sur toile hollandaises. La technique n'est pas au point et les couleurs se dégradent à cause de l'humidité. Ce qui entraîne de nombreuses restaurations. Tel qu'on peut le voir aujourd'hui à Milan, La Cène a subi neuf restaurations. Le tableau a ses parts d'ombre et de mystère. Cela est dû aux altérations et aux rajouts. Il faut rester dans le flou : le « sfumato », brume propre au travail du peintre qui adoucit les contours. Le tableau représente Jésus au centre entouré de douze personnages répartis en groupes de trois. Chaque personnage exprime sur son visage et par le mouvement de ses mains ses pensées et ses émotions. Trois années furent nécessaires pour l'étude des mains et des visages que le peintre recherchait dans les rues de Milan. Il voulait atteindre cette grande densité que le tableau exprime encore aujourd'hui. Jean « le bien-aimé » médite à côté de Jésus, les mains jointes. Il est jeune et beau et porte des cheveux longs. Il paraît ambigu. Voilà le point de départ de toute la spéculation du roman de Dan Brown. Selon ce dernier, le peintre aurait voulu représenter ainsi Marie Madeleine comme amante de Jésus. Toute l'orthodoxie religieuse est alors chamboulée, en colère. Vives réactions du Vatican. Le dogme de la religion catholique est visé. Afin de répondre aux théories du roman et du film, les évêques des Etats-Unis, où le film va sortir cette semaine, ont créé un site Internet et produit un film documentaire. D'autres vives réactions vont certainement suivre.