Comme cela a été demandé au mois dernier par un vote du Conseil de sécurité, l'ONU enquête sur l'état des droits de l'homme dans les territoires du Sahara-occidental sous occupation marocaine. Cette décision, rappelle-t-on, fait suite aux incessantes demandes du Front Polisario de protection du peuple sahraoui, victime de la répression marocaine. En ce sens, l'organisation internationale a mis du temps pour se saisir du dossier alors même que son attention avait été aussi attirée par les nombreuses ONG (organisations non gouvernementales) de défense des droits de l'homme. Une délégation du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, arrivée mardi dans les territoires occupés, s'est entretenue hier à El Ayoun avec des militants sahraouis de ce volet très précis, a indiqué un responsable de cette délégation. « Nous allons nous entretenir jusqu'à vendredi avec des acteurs de la société civile des deux bords (y compris donc les pro-marocains) », a indiqué le chef de délégation Christophe Giraud. « Certains d'entre eux ont fait de la prison », a-t-il ajouté. La délégation onusienne a notamment rencontré un militant connu de la lutte de libération, sahraouie Brahim Dahane, qui a passé quatre ans dans des lieux de détention secrets, dans les années 1980. Il a également passé trois mois de prison depuis début 2006. « L'objectif de notre visite, organisée par le Haut commissariat de l'Onu, est d'examiner la situation des droits de l'homme au Sahara-occidental », avait-il affirmé lundi à Rabat. M. Giraud n'a pas donné, hier, de précisions sur le contenu de ses entretiens avec les Sahraouis à El Ayoun. La délégation onusienne devait par ailleurs rencontrer le représentant de l'occupant marocain bombardé du titre de Wali d'El Ayoun. La délégation onusienne se rendra demain soir à Alger, où elle devrait rencontrer des responsables algériens, selon M. Giraud. Elle ira ensuite à Tindouf où se trouvent les camps de réfugiés sahraouis. Dans un précédent rapport, le secrétaire général de l'ONU avait abordé cette population, afin de récuser la thèse marocaine, faisant d'elle des séquestrés. M. Kofi Annan avait alors rappelé que ces Sahraouis avaient fui la campagne de répression qui avait suivi l'invasion de leur pays, et souligné à cet égard que l'Algérie était un pays d'accueil. M. Giraud a précisé qu'il remettrait son rapport au haut-commissaire Louise Arbour, qui avait décidé de cette mission il y a six mois, à la suite de différents incidents qui s'étaient produits dans cette région. Ce n'est que depuis le récent vote de l'instance onusienne que cette décision a été activée. Il était temps, et nul doute que le rapport qui sera établi mettra lui aussi en évidence le rapport occupant-occupé. Toute la question est là, tandis que le Maroc n'arrive pas à étouffer le sentiment nationaliste.