Le missionnaire Christophe Giraud est attendu, après l'étape d'El Ayoun, au QG du Polisario à Tindouf et également à Alger. Une délégation du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a séjourné hier au Sahara occidental afin de s'enquérir de la situation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis. Cette délégation onusienne entre en scène à la suite du dernier rapport de Kofi Annan, quoique controversé, sur le Sahara occidental. Le procès-verbal du Secrétaire général de l'ONU, objet d'une vive polémique, a fait état, rappelons-le, d'un «paysage grisâtre» concernant la situation des droits de l'homme dans cette contrée. Cette même escale intervient aussi en guise de réponse à la requête du Front Polisario qui, par la voix du président sahraoui Mohamed Abdelaziz, n'a cessé d'interpeller le secrétaire général des Nations unies et le Conseil de sécurité. La délégation du suisse Christophe Giraud est attendue également, après l'étape d'El Ayoun, à Tindouf (quartier général du Polisario) et enfin la semaine prochaine à Alger, à en croire le chef de la mission Christophe Giraud. Ce dernier a précisé qu'il remettrait son exposé au Haut commissaire Louise Arbour, qui avait décidé de cette mission. Cette initiative a été décidée il y a six mois, après différents incidents qui s'étaient produits dans cette région, mais appuyée surtout par le rapport de Kofi Annan. Le constat du secrétaire général de l'ONU a, en guise de rappel, énuméré les multiples violations des droits humains commis par le Maroc dans les territoires occupés. Le même rapport incrimine aussi le royaume chérifien et le responsabilise quant à l'échec des résolutions du Conseil de sécurité, notamment le Plan de règlement et le Plan de paix sur l'autodétermination du peuple sahraoui. L'acharnement du palais royal sur les populations sahraouies n'a pas encore, semble-t-il, atteint le seuil escompté. Mardi 16 mai, l'agence de presse sahraouie annonça l'arrestation d'au moins sept citoyens sahraouis au cours des manifestations organisées récemment dans les villes de Smara et Boujdour (territoires occupés) contre l'occupation marocaine, un exemple concret pour l'enquêteur onusien Christophe Giraud faisant état d'une violence non-stop à l'encontre du peuple sahraoui. Mais, une question s'impose: jusqu'où pourrait aller Christophe Giraud dans son rapport? Va-t-il se contenter de rédiger un procès-verbal similaire à celui de Kofi Annan ou ira-t-il jusqu'à demander des sanctions contre le Maroc? Difficile de répondre à cette question, car sur un terrain exagérément miné, les calculs des uns et les intérêts des autres font de sorte que chaque épisode du feuilleton Sahara occidental soit une rediffusion de son précédent. Seule l'application de la légalité internationale, réaffirmée par le Conseil de sécurité, mais freinée par l'entêtement de Rabat et le veto français, pourrait constituer un happy-end d'un feuilleton aussi dramatique. Sur le plan politique le Conseil de sécurité a été conforté dans son verdict par l'Union européenne, lors de la première session du Conseil d'association UE-Algérie qui s'est tenu mardi à Bruxelles. Dans une déclaration politique rendue publique à l'issue de cette entrevue, il est mentionné texto que l'Union européenne «appuie entièrement» les efforts de paix de l'ONU au Sahara occidental et le «droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Une nouvelle victoire pour le peuple sahraoui et un énième revers pour le Maroc et ses alliés.