Le nettoyage des avaloirs et des réseaux se fait de manière bureaucratique avec des dates bien fixes et arrêtées à quelques jours avant le début «officiel» de la saison hivernale. Les gestionnaires de la ville doivent sans doute commencer à s'adapter aux effets du changement climatique avec des pluies diluviennes qui s'abattent sans prévenir à n'importe quelle saison. C'est ce qui ressort des dernières intempéries. Quelques minutes de précipitations ont suffi à rendre la ville d'Oran complètement impraticable y compris pour les piétons. Ce n'est pas normal. On apprend que le nettoyage des avaloirs et des réseaux se fait habituellement de manière bureaucratique avec des dates bien fixes et arrêtées à quelques jours avant le début «officiel» de la saison hivernale, exactement de la même manière qu'on le ferait pour la préparation de la saison estivale. Tout récemment, des directives de la wilaya imposent aux collectivités locales et aux autres services concernés de commencer un peu plus tôt le curage des points sensibles. Apparemment, cette mesure n'est pas suffisante. «Sur insistance du wali, nous avons entamé une campagne de nettoyage dès le premier septembre et cette opération se poursuit encore aujourd'hui», nous apprend-on à la SEOR (la nouvelle société de l'eau et de l'assainissement d'Oran) en exhibant le chiffre de 360 avaloirs rendus fonctionnels. Ici, au moins, on reconnaît que la «responsabilité est partagée», c'est-à-dire entre la SEOR pour les parties communes (assainissement et eaux pluviales), l'APC et les secteurs urbains mais aussi le département des travaux publics. L'APC reconnaît un seul coupable : les chantiers. «A chaque fois qu'on nettoie, ce ne sont plus des ordures et du plastic qu'on retrouve mais essentiellement de la boue», explique un élu pour qui Oran est tout simplement devenue un vaste chantier à ciel ouvert. Les écoulements des eaux pluviales charrient aujourd'hui beaucoup plus de matériaux de construction que de déchets ordinaires qui continuent quand même à être la cause principale d'obstruction des bouches de collecte d'eau des réseaux d'évacuation. Au moins, un exemple donne du crédit à cette thèse. Le jour des intempéries, le trafic du tramway a été perturbé non pas à cause de l'accumulation des eaux mais parce que le creux des rails a été rempli par du gravât de chantier. Des agents recrutés par la Setram pour réguler la circulation automobile ont été mobilisés dans certains endroits pour nettoyer les rails avec les moyens de bord et permettre au tramway de passer. Erigés récemment, des quartiers entiers sont habités mais ne sont toujours pas viabilisés, ce qui contribue à la stagnation des eaux. Quand cela est fait, les réseaux ne fonctionnent pas toujours de manière optimale. Dans les réseaux d'évacuation, on trouve de tout et même, pour des cas extrêmes signalés par des employés, des objets insolites comme des sièges de toilettes qui devaient normalement atterrir dans les décharges. «En plus de la boue, des déchets hétéroclites bloquent les flux et entravent le fonctionnement optimal des stations de refoulement», indique un employé de la SEOR qui gère ce type d'installations. Les stations de refoulement ont été conçues pour éviter la stagnation des eaux, un phénomène qui, auparavant, affectait des zones entières de la partie sud de la ville. La densification du tissu urbain a aussi une incidence sur les inondations en concentrant les flux pluviaux, ce qui explique le fait que certains boulevards jusque-là épargnés commencent aujourd'hui à subir les effets à l'instar du boulevard pourtant en pente qui longe le Sheraton vers le pont Zabana.