Le décès d'un collégien, écrasé par une rame du tramway, a relancé le débat sur les dispositifs mis en place pour la sécurisation du tracé. Trois jours après la rentrée scolaire, le tramway de Constantine, mis en service le 4 juillet dernier, a enregistré son premier grave accident. Mercredi dernier à 16h15, alors qu'ils étaient de retour de leur CEM situé cité Belhadj, sur le plateau de Aïn El Bey, dans la banlieue sud-est de Constantine, Abderrahmane Cherouat et Adam Tifouti, deux collégiens, âgés de 15 ans, ont été percutés par une rame de tramway au moment où ils traversaient les rails près du tunnel de la RN79, sans faire attention. Le premier est mort sur le coup. Il a été difficilement retiré de sous la rame par les agents de la Protection civile. Le second, souffrant de blessures légères, a été évacué vers les urgences du CHU Benbadis qu'il sera autorisé à quitter quelques heures après. Cet accident, ayant causé une perte humaine, est le premier du genre depuis la mise en service du tramway, même si deux incidents sans gravité sont survenus durant les mois de juillet et août, quand une voiture a dérapé sur la voie, heureusement sans entraîner de dégâts, alors qu'un autre véhicule a été légèrement percuté. L'accident du tunnel de la cité Belhadj remettra en cause tout le système de sécurité mis en place sur le tracé du tramway et accentuera la peur de nombreux citoyens, notamment les riverains résidant à proximité du parcours. Ces derniers n'ont pas manqué de le signifier mercredi dernier en fermant la route entre Zouaghi et Ali Mendjeli pour réclamer le renforcement des dispositifs de sécurité, surtout que des centaines d'élèves, de collégiens et de lycéens des cités environnantes traversent chaque jour les rails pour rejoindre leurs établissements à la cité Zouaghi. Les craintes des parents d'élèves «Nous avons déjà exprimé nos craintes lors des essais du tramway, opérés durant le printemps dernier, surtout que ce moyen de transport passe juste à proximité des immeubles et des habitations, d'où le véritable danger qu'il constitue pour nos enfants», déclare une mère habitant la cité Bel Air. Une crainte partagée aussi par les locataires de l'immeuble dit l'Abri, rue Kaddour Boumeddous, juste en face du stade Benabdelmalek, où se trouve la station principale de départ. Sur cette artère, le tramway passe à quelques mètres seulement de l'école primaire Chabane Bachir, avant d'aborder la route longeant la cité Djamel Abdennacer (cité Ciloc), où il marque son premier arrêt. «Nous avons mené plusieurs campagnes de sensibilisation à travers la radio et la télévision et les opérations de proximité en direction des écoliers et des riverains sur les dangers du tramway et les conseils à suivre pour éviter tous les risques qui peuvent survenir lors de son passage», affirme un cadre de la Société d'exploitation du tramway de Constantine. «Cela est-il vraiment suffisant pour une population qui ne s'est pas encore accommodée de ce nouveau moyen de transport ?» s'interrogent certains citoyens. Il faut dire aussi que le comportement négatif et l'absence de civisme de nombreux piétons, aussi bien des adultes que des jeunes, circulant sur les rails avec un téléphone portable ou des écouteurs aux oreilles, ne sont pas pour les épargner d'éventuels accidents. Au même titre que ces enfants qui utilisent les espaces verts aménagés à proximité du parcours du tramway comme des aires de jeux, avec tous les risques qui peuvent en découler au cas où un ballon est tiré en direction des rails. Interrogé par un journaliste, en de juin dernier, lors d'une dernière visite à Constantine avant le lancement officiel du tramway, sur les mesures que les autorités comptent prendre pour protéger les enfants au niveau de certains points à haut risque, le désormais ex-ministre des Transports, Amar Tou, a répondu : «C'est aux parents aussi d'assumer leurs responsabilités.» L'organisation du parcours à revoir Sur une distance de 9 km, le tramway de Constantine ne compte aucune signalisation lumineuse, ni passage protégé. C'est le cas au croisement situé entre la mosquée Emir Abdelkader et l'avenue Che Guevara, ainsi que celui se trouvant à l'entrée de la zone Palma et qui connaît des embouteillages importants, en plus de celui de la cité Belhadj. Plus de deux mois après son lancement, on gère la circulation à six croisements dangereux par des agents qui font passer les voitures. Il faut voir aussi dans quelles conditions ils travaillent. «Il est aberrant de constater à proximité de la mosquée Emir Abdelkader, qu'en dépit de l'aménagement d'une intersection, les conducteurs des voitures venant de Kaddour Boumeddous sont contraints de faire un détour de plusieurs dizaines de mètres et d'aborder un virage à risque pour rejoindre l'avenue Che Guevara», déplore un automobiliste. De nombreux citoyens s'interrogent sur le rôle de la police du tramway qui a vu le jour durant la période d'essai, au mois de juin dernier où des agents ont été affectés à ce nouveau moyen de transport pour veiller sur l'ordre et la sécurité le long du parcours, entre la station de Benabdelmalek et le terminus de Zouaghi, de 5h à 22h. Des agents qu'on ne retrouve pas à certains passages dangereux. Les questions les plus sérieuses ont été posées concernant le système de télésurveillance mis en place pour prévenir d'éventuels accidents. Un système qui ne semble pas couvrir tout le parcours et dont l'efficacité reste à prouver.