Les médecins résidentes hébergées à la cité universitaire de Ben Aknoun sont scandalisées par la décision du directeur général de l'Office national des œuvres universitaires (ONOU). Ce dernier a donné ordre d'expulser les praticiens (médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes) en formation post-graduée inscrits à la faculté de médecine d'Alger de toutes les résidences universitaires. Une vingtaine de filles se sont retrouvées à la rue suite à la décision brutale du directeur de la cité universitaire de Ben Aknoun qui leur a interdit l'accès à la cité universitaire mardi dernier. Indignées, ces filles, venues de différentes wilayas du pays, se sont rendues au siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) pour qu'on leur évite de passer la nuit dans la rue. Embarrassées durant toute la journée du mardi, ce n'est que vers 17h que «le responsable de la sécurité au MESRS est intervenu auprès de l'ONOU», indique M. F., une des médecins résidents. Ces dernières ont obtenu enfin une prolongation de trois jours du délai d'expulsion. Elles ont eu le week-end pour régler leur problème d'hébergement. Mais trois jours sont-ils suffisants pour trouver un abri, aussi modeste soit-il ? «Nous avons, certes, une rémunération. Mais vu les prix de location appliqués à Alger, la totalité du salaire ne suffirait pas pour louer ne serait-ce qu'un petit studio dans un quartier sécurisé», se lamente notre interlocutrice. Cette dernière insiste sur la faisabilité de cette décision : «Il nous faut au moins un ou deux mois pour trouver où aller…» Le décret exécutif n°11-236 du 3 juillet 2011 pourtant statut du résident en sciences médicales n'a pas reconnu le droit de ces derniers à la résidence universitaire. Ces derniers ont vu leur ancienne résidence à l'ex-rue Trollard, à Alger-Centre, occupée par les fonctionnaires du MESRS ainsi que ceux de l'ONOU. Néanmoins, le ministre de l'Enseignement supérieur leur a promis, lors d'une réunion tenue le 8 février 2012, une résidence digne de leur statut. A cet effet, le projet pour les résidents en biomédical qui sera implanté à la place de l'ancienne faculté de droit à Ben Aknoun, leur a été promis par le ministre en personne, bien avant que la décision du directeur général de l'ONOU ne tombe, en ce mois de septembre, et mette cette catégorie d'étudiants en post-graduation dans l'embarras. «S'ils veulent protéger les cités universitaires des extras, qu'ils commencent d'abord par les fonctionnaires qui occupent les chambres des étudiants de manière illégale», s'insurge un des résidents. «C'est une décision illogique dont on ignore l'arrière-pensée», déclare Tahar Ghouar, président de l'Association des médecins résidents (AMRA) qui promet de réagir quant à cette situation dans laquelle ses confrères se retrouvent. Mais en attendant, ces derniers sont forcés de louer des «appartements» pour pouvoir continuer leurs études. Face à la cherté et à la spéculation qui règnent sur le marché de l'immobilier, les médecins résidents seront contraints de trouver refuge dans des dortoirs miteux ou des pensionnats misérables des vieux quartiers d'Alger pour pouvoir décrocher le fameux titre de médecin spécialiste. Le cas des praticiens résidents n'est pas un cas isolé ; ce sont pratiquement tous les étudiants inscrits en post-graduation qui font le va-et-vient entre les différentes cités universitaires au lieu de consacrer leur temps à la recherche.