Un climat de tension et de trouble règne au sein de nos cités universitaires. L'hébergement au profit des étudiants dans ces cités devient de plus en plus problématique. Pis encore, les comportements des responsables de l'ONOU ne cessent de susciter la colère des étudiants. Ces derniers révèlent malheureusement que l'hébergement universitaire s'est transformé en une filière de la corruption, le népotisme et le trafic d'influence. A ce propos, les étudiantes de la cité universitaire d'El Alia peuvent apporter un témoignage éloquent. En effet, près de 100 étudiantes résidant dans cette cité et inscrites en post-graduation dans différentes spécialités scientifiques ont été priées de libérer leurs chambres bien avant le 31 décembre. Pour certaines d'entre-elles, elles doivent céder leurs chambres au plus tard le 31 octobre ! Mieux encore, ces étudiantes, qui n'ont reçu aucune notification de la part de l'Office national des œuvres universitaires (ONOU), ont été invitées par des agents de la résidence universitaire à quitter les chambres qu'elles occupent. Une expulsion en bonne et due forme qui coïncide avec le début de l'année universitaire pour ces étudiantes toutes originaires de l'intérieur du pays. «Nous n'avons jamais compris cette exclusion de la cité universitaire. Nous sommes inscrites en post-graduation et aucune d'entre-nous n'a encore soutenu sa thèse de magister. En tant que chercheurs, nous avons besoin d'une période expérimentale pour confirmer ou infirmer les résultats de nos travaux de recherche. Mais à cause du manque de moyens dans les laboratoires, l'absence d'ouvrages nécessaires pour notre cursus et la défaillance de notre encadrement, nous n'avons pas pu soutenir à temps. Ainsi, en plus de nos deux ans d'études pour le magister, nous disposons d'une troisième année pour achever nos études. Cependant, comment pouvons-nous le faire si on nous exclut de notre cité universitaire ?» s'interrogent ces étudiantes de la cité universitaire d'El Alia qui nous ont rendu visite, hier, à notre rédaction pour nous faire part de leur calvaire. Il faut dire que leur expulsion de la cité universitaire les a fortement déstabilisées, elles, dont la soutenance d'un magister est sérieusement mise en cause. Originaires de Kabylie, de Médéa, de Tiaret et d'autres wilayas, ces étudiantes ne pourraient guère poursuivre leurs études si elles venaient à être «chassées» de leurs chambres universitaires. «Nous avons saisi le directeur général de l'ONOU mais, jusqu'à présent nous n'avons reçu aucune réponse. En plus, à la cité universitaire, des agents de l'ONOU nous traitent comme des squatteuses. Lorsqu'on leur demande des explications, ils nous disent qu'on veut nettoyer la cité ! Comme quoi, on est de la vermine», s'indignent nos interlocutrices, bouleversées par la manière avec laquelle elles sont traitées. Elles, qui ont voulu se consacrer entièrement à la recherche scientifique se retrouvent désormais livrées à elles-mêmes et privées carrément de leur droit à un hébergement dans une cité universitaire. Un droit qui profite aujourd'hui à des personnes complètement étrangères à l'université. «On nous dit qu'il n'y pas assez de place à la résidence. Nous l'aurions compris si nous n'avions pas vu des couturières, des coiffeuses et des filles étrangères à l'université occuper illégalement des chambres dans notre cité. Et nous les chercheurs, nous sommes tout bonnement expulsés. Est-ce juste ?» confient désemparées nos infortunées étudiantes. A. S.