Le Parlement européen (P.E) a approuvé, mardi dernier, par 409 voix pour, 169 contre et 79 abstentions, l'accord de pêche Maroc- U.E. Jamais vote de cette institution, malgré les amendements apportés au texte original, n'a été aussi vicieux, hypocrite, voire « illégal » au regard du droit international. Pourquoi ? Premièrement, le Maroc a obtenu l'inclusion dans la zone de pêche concernée, celle du Sahara-occidental. Pour contourner la légalité du droit international, contenter la pression des lobbies des pêcheurs, notamment espagnols et français, le P.E a trouvé la formule magique dans l'exposé des motifs. Il est dit dans le justificatif de l'amendement 3 que « le droit à l'autodétermination, y compris le droit à la souveraineté permanente sur les richesses et les ressources naturelles, est inscrit dans le droit international et ne souffre d'aucune dérogation ». Plus loin, l'exposé ajoute : « Actuellement, conformément au droit international, le Sahara-Occidental jouit du statut de territoire non autonome, comme le prévoit l'article 73 de la charte des Nations unies. L'Espagne n'exerce pas son rôle d'administration de jure, le territoire étant administré de facto par le Maroc. » Ce qui est faux par rapport à l'arrêt de la CIJ (Cour internationale de justice) et de l'avis juridique de l'ONU qui, lui, fait autorité et qui stipule que le Maroc n'est pas la puissance administrante. Mais pour concilier les intérêts de l'Union avec la morale et l'éthique du droit international, les élus européens ont, dans le premier amendement à l'accord initial, ajouté : « La contrepartie financière de la communauté européenne doit aussi être utilisée pour le développement des populations côtières du Maroc et du Sahara-Occidental qui vivent de la pêche. » En conclusion, le P.E a suivi la Commission européenne pour entériner l'accord avec le Maroc, avec comme seule obligation faite au Maroc de répercuter les revenus de la pêche sur les populations sahraouies. L'U.E encourage, soutient par un artifice de principe de doit (l'amendement en question) l'occupation du Sahara par le Maroc. Car, non seulement le Maroc va fournir des bilans satisfaisants sur l'impact de la pêche chez les sahraouis, mais il prendra aussi comme caution de l'U.E, sa présence au Sahara. De plus, que fera l'U.E des populations réfugiées dans les camps ? Ce sont des sahraouis quand même ! Comble de tout, le montant compensatoire, que l'Union fournit au Maroc pour ses droits de pêche, est de 36 millions d'euros par an. Même le pouvoir marocain sait que cela ne représente rien pour les revenus que génère l'une des zones les plus riches de pêche au monde, qu'est la côte sahraouie. Ainsi, pour sauver l'industrie de la pêche européenne, en particulier espagnole et française, le législateur européen n'a pas hésité, au delà de l'exploitation d'un vice de forme du droit international, à sacrifier la liberté d'un peuple. Faut-il dans ce cadre rappeler que les USA de George Bush ont, dans leur accord de libre échange avec le Maroc, exclu tout le territoire sahraoui ? Faut-il rappeler qu'il ont, autant que la Norvège d'ailleurs, rompu leurs contrats de prospection minière au Sahara ? Faut-il rappeler que des pays membres de l'U.E, comme la Suède et l'Irlande, dénoncent l'accord de pêche depuis sa signature par la Commission le 28 juillet 2005 ? Quelles que soient les réserves ou les justificatifs que l'U.E avancera pour cautionner (exploiter) l'accord, il restera dans son histoire moderne comme l'une des plus grandes injustices faite à un peuple si courageux, qu'est le peuple sahraouis.