L'Assemblée générale des Nations unies prend à son compte l'avis de la CIJ et exige d'Israël le démantèlement du «mur» Réunie mardi à la demande du groupe arabe et des pays musulmans, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté, après de larges débats, une résolution dans laquelle elle prend à son compte les conclusions rendues le 9 juillet dernier par la Cour internationale de justice, saisie, le 23 décembre 2003, pour statuer sur la légalité du «mur» qu'Israël construit à l'intérieur des territoires palestiniens occupés. A une écrasante majorité, (150 voix pour, y compris l'Union européenne unanime, 6 contre, dont celles d'Israël et des Etats-Unis, et 10 abstentions) l'Assemblée générale a voté la résolution qui, de même que la Cour internationale de justice, (CIJ), exige d'Israël le démantèlement du «mur». Prenant acte de l'avis consultatif émis le 9 juillet par la Cour de la Haye qui «déclare illégale l'édification du mur», la résolution «exige qu'Israël, puissance occupante, s'acquitte de ses obligations juridiques telles que mentionnées dans l'avis consultatif (de la CIJ)». A la demande expresse des Européens, sollicitation acceptée par les Palestiniens, -quoique quelque peu hors contexte-, un amendement a été ajouté qui «demande, aussi bien au gouvernement israélien qu'à l'Autorité palestinienne, de s'acquitter immédiatement, en coopérant avec le quartette (USA, ONU, UE et Russie), des obligations qui leur incombent en vertu de la +la feuille de route+ approuvée par le Conseil de sécurité». Mais cela ne remet pas en cause le fait que l'Assemblée générale a conforté la position palestinienne quant à l'illégalité du «mur» qu'édifie Israël en territoires occupés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ainsi, à juste raison, le ministre palestinien, en charge des Négociations, Saëb Erakat, a estimé «qu'il ne s'agit pas seulement d'une décision historique mais de la décision la plus importante pour la cause palestinienne depuis 1947» (date à laquelle le Conseil de sécurité partagea la Palestine historique en deux Etats, l'un juif et le second arabe palestinien, résolution 181 du 29 novembre 1947). M.Erakat ajoute «La résolution confirme le caractère illégal de l'occupation israélienne et annule toutes les mesures prises par l'occupant y compris à Jérusalem-Est». Le représentant palestinien à l'ONU, Nasser Al-Kidwa a, pour sa part, exprimé sa satisfaction des «résultats magnifiques obtenus (par ce vote) dans le soutien à la loi internationale et dans la promotion de la paix et de la réconciliation au Proche-Orient». Sans surprise, Israël a estimé hier n'être pas concerné par la résolution votée mardi en soirée par l'Assemblée générale de l'ONU, et poursuivra, en conséquence, la construction du mur que la communauté internationale vient de condamner comme illégal. S'en prenant à la France et aux Européens (les 25 membres de l'UE unanimes) qui ont voté la résolution, le représentant israélien à l'ONU, Dan Gillerman, a indiqué que «la France s'est comportée de façon particulièrement honteuse en oeuvrant pour ses amis palestiniens et en convaincant les autres pays européens d'adopter la résolution», critiquant au passage les Pays-Bas qui assurent actuellement la présidence tournante de l'Union européenne. Justement dans leur ensemble, les Européens se sont félicités de l'adoption d'un «texte équilibré» comme l'indiquent les premières réactions de Paris et de Berlin. Le numéro deux de l'ambassade américaine à l'ONU, James Cunningham, a pour sa part «déploré» ce vote, en indiquant: «Nous déplorons la hâte avec laquelle l'Assemblée générale a adopté cette résolution», car selon lui, «cette résolution reste partiale» affirmant «Les Etats-Unis demeurent convaincus que l'accent doit continuer à être mis sur la vision exprimée par le président George W.Bush de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte». C'est en fait là qu'apparaît la mauvaise foi de Washington, car selon tous les experts internationaux la construction du mur israélien rend tout à fait aléatoire, sinon improbable, l'érection d'un Etat palestinien fiable. Ce que réaffirmait hier encore le Département pour le développement international (DFID, en consultation avec le Foreign Office, ministère britannique des Affaires étrangères). Selon le document du Dfid, publié hier par le quotidien londonien le Guardian, «Il y a maintenant une probabilité moyenne à forte qu'il y ait un manque d'engagement international effectif concernant le processus de paix au Proche-Orient dû à d'autres priorités en 2004», souligne, par ailleurs, à propos du mur qu'édifie Israël, «En l'absence d'action dans l'immédiat, l'expansion des colonies israéliennes et la construction du mur de séparation en Cisjordanie rendent une solution viable de deux Etats presque impossible». Le document du Dfid précise «le manque continu de progrès en direction d'une solution politique conduisant à la poursuite de la construction du mur (...) en territoire palestinien et à la disparition progressive de perspective pour la création d'un Etat palestinien viable est le scénario le plus probable». En fait, si partialité il y a dans le contexte israélo-palestinien, c'est bien celle des Etats-Unis qui font droit au diktat israélien et suivent sans nuance Israël même quand son action interdit la mise en oeuvre de la vison de deux Etats du président Bush. De fait, Israël n'a jamais inclus comme incontournable à terme la création de l'Etat palestinien, consolidant en revanche l'implantation de colonies juives dans les territoires palestiniens occupés qui exclut une telle finalité. Et c'est cela le fond du problème, la sécurité d'Israël n'ayant rien à y voir.