Est-ce un hasard du calendrier ou un choix délibéré que de voir débarquer à Tiaret, l'espace d'un week-end, tous les animateurs du pôle présidentiel ? Difficile à dire. Mais au-delà des réponses possibles, il faudrait plutôt s'intéresser à ces déclarations pour le moins sulfureuses, à la limite du correctement politique de Miloud Chorfi, porte-parole du RND, le matin et les réponses toutes aussi sèches que fielleuses tenues le soir, et dans la même salle des conférences Mustapha Mekki, par Bouguerra Soltani, flanqué du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul. Ce dernier d'ailleurs lors de son séjour à Tiaret a effectué une visite d'inspection et annoncé même d'importantes mesures en faveur du secteur. La venue de ces responsables politiques et les visites médiatisées de Saïd Abadou et Tayeb Houari du FLN pour commémorer la mémoire d'un chahid à Mehila (Debih Abdelkader) ont permis de situer clairement les positions. Une pré-campagne avant terme qui a fait que Miloud Chorfi intervenait pour la seconde fois en un laps de temps réduit, en marge des assises régionales de la jeunesse qui regroupaient les principaux représentants de son parti. Le porte-parole du RND n'a pas été tendre avec le MSP et à un degré moindre avec le FLN. A l'endroit de l'ex-« Hamas », Chorfi a d'abord tenu à rappeler : « On est fort parce qu'on est la majorité ». Et de dire : Qu'eux (le MSP ndlr) « continuent de rêver car croyant être le Hamas de Palestine ». M. Chorfi a poursuivi en soulignant le fait que « ceux qui s'obstinent à essayer de faire tomber le gouvernement à travers une motion de censure se trompent ! » Car, souligne-t-il, « seul le Président a le droit de le faire ». Pour lui, le seul but recherché par les adversaires du RND « est de faire entrer à nouveau le pays dans le tourbillon ». M. Chorfi qui estimait aussi « inopportunes les déclarations de Bouguerra Soltani », s'en est pris avec violence au président du MSP pour sa position sur l'UGTA et les préoccupations du monde du travail. « Qu'a-t-il fait quand il était ministre du Travail ? » « Nous disons à ce frère que seule une compétitivité basée sur les programmes est à même de l'amener au pouvoir » mais « qu'il attende 2012 ! ». « Non en 2015 », rectifie le président du MSP en réponse à la violente diatribe de Chorfi et d'annoncer : « En 2012, nous allons nous adjuger les législatives. » Bouguerra Soltani, lors d'un très court et curieux point de presse, interrompu par le protocole, dira en substance qu'« au MSP, on ne répond pas on travaille ». Il est vrai, enchaîne- t-il, que « nos critiques dérangent » mais « dire que tout va bien, c'est contraire à nos convictions ». S'agissant du pôle et de cette polémique sur fond de surenchères politiques partisanes à l'aune des élections législatives de 2007, notre interlocuteur dira que « quand on a créé le pôle pour dire notre soutien au président de la République, il n'était pas question d'Ahmed Ouyahia comme chef du gouvernement ». Le leader du MSP tente de se calmer et dira : « Le pôle présidentiel s'apparente à un voyage en avion, dont Bouteflika est le commandant de bord. Mais un voyage qui traverse des zones de turbulences ». Bouguerra Soltani, au cours de son long discours devant les étudiants, avait manifesté et rappelé la solidarité du peuple algérien avec la Palestine agressée et trahie non sans distiller son approche concernant les méthodes d'enseignement dans les universités dont celles ayant trait à la sociologie aux antipodes des valeurs arabo-islamiques. Soltani dit même « regretter ses années passées au ministère du Travail contrairement aux dix-sept années à l'université ». « ça ne m'a franchement pas plu ! »