Le président de la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC), Khaled Bounedjma, a animé, jeudi au Centre culturel d'Arzew, une conférence régionale des enfants de chouhada pour le moins explosive. En effet, il effectue, par rapport à ses positions traditionnelles, un revirement à 180°. Il surfera, tantôt sur le soutien au président de la République, tantôt il lancera des menaces à peines voilées de recourir à l'occupation de la rue. Pour répondre aux attentes de la salle dans laquelle certains présents ont fustigé « ceux à qui profite la manne pétrolière et l'actuelle embellie financière », il dira :« Nous sommes dans l'une des plus grandes zones industrielles du pays, le pétrole est à 70 dollars et ils nous ont réduits à demander l'aumône pour survivre. » Khaled Bounedjma, contre toute attente lancera, tout au long de son discours, des flèches empoisonnées à l'encontre de Abdelaziz Bouteflika et arguera à la salle : « La mafia placée par le président de la République nous étouffe. Ils ont verrouillé le terrain. » Puis, comme pour laisser croire à un complot qui se tramerait pour son éviction de la CNEC, il menacera ouvertement : « Si on part (comprendre je -ndlr), on sera remplacés par des gens plus dangereux. » D'ailleurs, il fera de l'application de la loi du chahid et du moudjahid sa principale revendication. A ce sujet, il traitera l'administration de « hizb frança » et dira : « Le parti de de Gaulle ne nous aime pas. Ils sont contre une loi qui protège le chahid et le moudjahid. » Puis, il s'étalera longuement sur le processus de privatisation des entreprises publiques et dira : « Nos parents les ont ramenés et les harka les liquident. Même les travailleurs, enfants de chahid, on leur a offert sept années de salaire pour les pousser à la retraite anticipée. » Poursuivant son réquisitoire à l'encontre des membres du gouvernement, il s'étalera notamment sur les avantages des ministres et ceux des cadres, dont les enfants sont tous placés en Suisse et dont les salaires se chiffrent, selon lui, en dizaines de milliers de dinars. « Notre dignité nous l'arracherons, car l'administration ne nous la donnera pas. Le Président et le chef du gouvernement ne nous écoutent pas et Bounedjma ne peut pas maîtriser les enfants de chouhada », dira-t-il. Avant de finir son discours, il lancera un appel à tous les enfants de chouhada à un grand rassemblement les 4 et 5 juillet prochain à Alger pour investir la capitale. Il dira : « Le 5 juillet nous arracherons notre indépendance. Si on ne nous écoute pas, alors nous entamerons une grève de la faim générale. » A une question relative à ce qui peut être perçu comme un revirement de position, Bounedjma dira : « Non, ils ont tout approuvé. Tout est passé. Maintenant est venu le temps de la revendication. » Dans la foulée, Bounedjma excellent dans l'art de la « valse-hésitation », éludera avec une agilité déconcertante la question de la « tragédie nationale » et dira que « la plaie est encore ouverte », il laissera entendre qu'« eux aussi sont des enfants de chouhada. » A notre question de savoir, si les enfants des terroristes abattus par l'Etat, dans le cadre de la lutte antiterroriste, peuvent également prétendre à une adhésion au sein de la CNEC, sans aucune hésitation, Khaled Bounedjma nous dira : « Oui. » Mais, dans sa tentative de récupération qui ne dit pas son nom, Khaled Bounedjma n'expliquera pas quel statut ils auront.