A la veille de l'arrivée de hauts responsables du groupe Société Générale à Alger, le président du directoire de SGA, Joël Jarry, revient dans cet entretien sur le programme de cette visite qui dénote, selon lui, l'importance qu'attache le groupe banquier à sa filiale en Algérie. Le responsable aborde également d'autres questions liées au développement de SGA, de la monétique et des produits développés par la banque. De hauts responsables du groupe Société Générale sont attendus demain à Alger. Quel est l'objet de la visite ? En effet, deux de nos responsables sont attendus cette semaine à Alger pour une visite de trois jours. Il s'agit de Didier Alix qui est directeur général adjoint du groupe Société Générale et également directeur de toute la branche particuliers-entreprises et des activités de financement. C'est le numéro 3 dans la hiérarchie du groupe. Il sera accompagné de Philippe Vigue, qui est directeur délégué auprès de la branche internationale et président du conseil de surveillance de la filiale algérienne. M. Alix nous a déjà rendu visite au printemps dernier, il a été depuis suivi par le président Bouton en février dernier. M. Alix revient maintenant pour souligner l'importance que le groupe Société Générale attache au développement de la filiale en Algérie. Je crois qu'il y a des messages très forts qui sont envoyés aux Algériens. Il y a un investissement important qui a été consenti par le groupe et un plan de développement tout aussi important qui est programmé. La visite de MM. Didier et Vigue sera marquée par trois moments forts. Nous inaugurons durant leur séjour l'agence de Sétif, celle de Béjaïa qui, je tiens à le souligner, démarre très bien et puis nous inaugurons l'agence de Draria que nous avons ouvert il y a une quinzaine de jours pour aller plus au devant de la clientèle de particuliers et de la clientèle professionnelle. Six ans après votre installation sur le marché algérien, quel bilan faites-vous du développement de SGA ? Nous avons aujourd'hui 17 agences opérationnelles. Deux autres sont en attente d'agrément d'ouverture de la Banque d'Algérie en l'occurrence l'Agence de Sidi Bel Abbès et Akbou. Nous sommes donc potentiellement avec un réseau de 19 agences. Nous avons actuellement 500 personnes et à peu près 35.000 clients. Il est clair que notre plan de développement ne s'arrêtera pas là, aussi bien sur Alger que sur l'ensemble du territoire national. Ce dispositif mis en place va grandir pour nous permettre d'exercer encore mieux et encore plus efficacement notre métier de banque de détail. Quels sont les produits développés par SGA ? Je crois que, de ce côté-là, nous restons très basique dans l'approche du métier de la gamme produits. Nous faisons trois métiers à SGA : un métier de conseil et de service, un métier de prêteur et un métier de déposant. Ce dernier nous le faisons sur un axe client très large, de la multinationale jusqu'au particulier. Nous avons un axe produit, également large, qui va du conseil jusqu'aux opérations avec les particuliers. La gamme de produits doit se développer. Le marché algérien évolue certes, mais il reste encore un peu pauvre dans sa gamme de produits. Je parlerai, à titre d'exemple, de la monétique qui est un produit que nous sommes en train de travailler aujourd'hui en Algérie avec des perspectives d'évolution et de développement rapides et spectaculaires. A propos de la monétique, je suppose que SGA est aussi partie intégrante du projet... Nous travaillons, à l'instar des autres banques de la place, avec la SATIM qui est incontournable, elle joue le rôle de plateforme pour la monétique. On peut toujours regretter le fait que ce projet de monétique n'aille pas aussi vite. Mais aujourd'hui, il faut respecter un certain nombre d'étapes et de prérequis. Il y a un réseau de télécommunication qui doit être fiabilisé pour que tout marche au mieux. Nous avons aujourd'hui des distributeurs de billets dans nos agences qui sont interconnectés à la SATIM. On a souvent des ruptures de fuseaux. La qualité même du papier des billets de banque en Algérie est l'un des prérequis à prendre en considération. Pour un distributeur, vous imaginez bien qu'il faut des billets propres, voire neufs. Pour réussir la monétique, cela dépend de la qualité des billets, de la qualité des programmes informatiques, du développement du réseau et de l'interbancarité qui sous-entend que toutes les banques sont au même rythme pour pouvoir être acceptant et émetteur. Je pense que l'Algérie, en faisant la liaison avec ce qui s'est passé avec le lancement depuis 48 heures de la télécompensation, est en train de vivre une révolution dans le système bancaire. La monétique est en route, c'est une question de quelques semaines ou de quelques mois. Le lancement de la télécompensation s'est-il fait dans de bonnes conditions ? Les informations que j'avais ce matin (l'entretien étant réalisé jeudi dernier, NDLR), c'est-à-dire deux jours après, étaient quand même satisfaisantes. La Banque d'Algérie a souhaité faire un démarrage sous forme de big-bang, c'est-à-dire tout le monde en même temps. C'était un choix, il était audacieux dans la mesure où c'est un grand challenge. Je ne vais pas dire qu'il n'y a pas eu de bugs. Il y a eu des bugs, ce qui veut dire qu'il y a des réglages à faire. Mais globalement, je pense que toutes les banques, ou presque, étaient au rendez-vous. Elles ont parfaitement intégré toute l'importance d'un tel projet. Elles vont maintenant se focaliser sur ce qui n'a pas fonctionné ou moins bien fonctionné pour le régler. En somme, je peux vous dire que cela s'est plutôt très bien passé. Vous avez procédé à l'augmentation de votre capital. Quel est l'impact de cette opération sur l'activité de SGA ? Permettez-moi déjà de vous dire que cette augmentation de capital a été réalisée pour nous mettre en conformité avec la loi bancaire qui faisait obligation à tous les établissements bancaires de porter, avant le 4 mars 2006, leur capital à un niveau minimum de 2,5 milliards de dinars. Pour se conformer à la norme de 2,5 milliards de dinars, Société Générale Algérie avait pris ses dispositions, très tôt, en 2005 pour qu'une assemblée générale extraordinaire autorise une augmentation de capital que l'actionnaire Société Générale avait souscrit en totalité. Il l'a souscrit, pour une partie, dans le cadre du processus de reconversion de la dette extérieure algérienne. Nous en avons bénéficié et nous en avons utilisé une partie. Là aussi, c'était un message fort en direction des autorités algérienne de voir que nous avons participé à ce mécanisme de reconversion de la dette. Quelle est la structure de votre clientèle ? Nous avons aujourd'hui environs 35.000 clients dont 6000 clients entreprises. Cela est très important pour nous en ce sens où nous étions injustement perçus dans le marché comme des banques essentiellement au côté des multinationales. Quand je vous dis, nous avons 6000 entreprises clients, ce sont des PME algériennes réparties sur l'ensemble du territoire national. Ce tissu de PME que nous pénétrons tous les jours nous amène à prendre du risque. Un risque que nous maîtrisons plutôt bien. Je trouve aussi que c'est important de bien prendre conscience que nous sommes sur le marché, que ce soit du commerce, de l'industrie ou des services. Nous développons des activités tel le leasing pour lequel nous sommes un acteur majeur. Nous sommes également créateurs d'emplois avec près de 500 salariés. Pour ce qui est des 30.000 clients particuliers, sont-ils issus de toutes les couches sociales ? Nous sommes une banque grand public. Les 30.000 clients qui composent aujourd'hui le fonds de commerce de particuliers de la SGA ne sont pas 30.000 grosses fortunes. Ce n'est pas notre métier. Nous sommes des commerçants, et nous sommes là pour gagner de l'argent. Nous avons une gamme clients diversifiée qui va de fonctionnaires aux autres couches de la société algérienne. Il faut que vous sachiez que nous sommes aujourd'hui un des acteurs majeurs dans le crédit à la consommation.