Le responsable de la délégation du Haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme (HCDH), le Suisse Christophe Giroud, a avoué, hier, que la mission de son ONG a été « parsemée » par « quelques difficultés » durant son séjour à El Ayoun. « Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu des problèmes. Les gens qui désiraient nous rencontrer ont eu parfois quelques problèmes que nous avons dû régler. Néanmoins, cela nous a permis d'avoir une image de la situation des droits de l'homme au Sahara-Occidental », a déclaré M. Giroud, en marge de ses entretiens avec des responsables du Front Polisario dans les camps de réfugiés sahraouis, estimant que « la mission a été courte ». « Trois jours, c'est très court », a-t-il dit. Même s'il estime que sa délégation « a eu toutes les libertés de circulation » dans les villes occupées du Sahara-Occidental, M. Giroud, en affirmant qu'il y a eu des « difficultés pour les gens qui désiraient nous voir à l'hôtel », rend compte, par ailleurs, d'une limitation de l'agenda de sa délégation. Une limitation dont les autorités coloniales marocaines sont responsables. La preuve en est que, selon des ONG sahraouies, cette délégation était restée, mercredi dernier, cloîtrée à l'hôtel Parador, au Sahara-Occidental, pendant que des manifestants étaient réprimés dans le sang par les forces d'occupation marocaines à Maatlla. Mais à cela M. Giroud répond que « nous n'étions pas dans une mission de monitoring de la situation au fur et à mesure qu'elle se déroule en direct, mais plus dans une mission d'information ». M. Giroud s'est refusé, en outre, de rentrer dans les détails de sa mission au Sahara-Occidental. « Je ne vais pas rentrer dans trop de spécificités, qui on a vu, à quelle date et à quel endroit. Mais, effectivement, nous avons aussi rencontré des blessés et d'anciens prisonniers qui ont été libérés juste avant notre arrivée à El Ayoun », s'est-il contenté de dire. La délégation du HCDH, qui s'est rendue du 17 au 20 mai dans les territoires occupés du Sahara-Occidental, est arrivée dans la nuit de samedi à dimanche dans les camps de réfugiés sahraouis. Hier matin, elle a eu des entretiens avec le coordinateur avec la Minurso, Mohamed Khadad, le ministre de l'Intérieur de la RASD, Mohamed Lamine Deddi, et le ministre de la Justice, Hamada Salma. Mohamed Khadad a souhaité que la mission onusienne participe à « briser le blocus sécuritaire et médiatique imposé aux territoires occupés du Sahara-Occidental ». Il a appelé à la mise en place de « mécanismes de prise en charge par l'ONU de la protection des civils sahraouis dans les territoires occupés » réprimés par les autorités marocaines depuis l'intifada du 21 mai 2005. Le coordinateur de la Minurso a estimé que « la négation du droit et le déni de justice » sont les principales causes du prolongement des souffrances du peuple sahraoui des deux côtés du rempart militaire qui le sépare. M. Khadad n'a pas caché sa déception de voir traiter l'agresseur et l'agressé « sur un pied d'égalité, alors qu'ils sont clairement définis », en référence au Maroc qui a envahi et annexé par la force le Sahara-Occidental. Pour sa part, Mohamed Lamine Deddi a regretté que la mission de l'ONU n'ait pas poursuivi ses investigations dans les rues et les villes sahraouies occupées en allant à la rencontre des populations sahraouies. Aux yeux du ministre de l'Intérieur sahraoui, cette attitude ne fera que dévaloriser le travail de la délégation onusienne, qui a pour mission, selon lui, de dévoiler les véritables violations des droits de l'homme au Sahara-Occidental. M. Lamine Deddi déclare, enfin, ne pas compter sur le travail de la mission onusienne, mais plutôt sur la poursuite de la lutte pour l'indépendance du peuple sahraoui.