Fin de non-recevoir pour les nouvelles manœuvres marocaines. Le HCDH enquête sur les violations des droits de l'homme au Sahara occidental et l'UE rappelle sans ambiguïté que la solution n'est que dans l'application du droit à l'autodétermination. Une délégation du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) était attendue, hier, dans la capitale sahraouie, El Ayoun, pour s'enquérir de la situation des droits humains largement bafoués par le Maroc, depuis son occupation du Sahara occidental, avant de se rendre dans les camps de réfugiés sahraouis, sur la frontière avec l'Algérie. Le HCDH sera à Tindouf le 20 mai, une date qui coïncide avec la célébration par le Front Polisario du 33e anniversaire de sa création. La coïncidence n'est pas fortuite. C'est un pied de nez aux thèses marocaines. Dans le même temps, l'Union européenne a envoyé un signal à l'Onu, qui ne souffre d'aucune ambiguïté. L'Europe, en dépit des chantages français, appuie “entièrement” le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et exhorte l'Onu à accompagner son processus, conformément aux résolutions de la communauté internationale sur ce dossier. L'UE a rappelé sa position dans le volet portant sur “la situation régionale” dans la “déclaration politique” qui a clos le premier Conseil d'association Algérie-UE, qui s'est tenu à Bruxelles. L'enquête du HCDH intervient à la demande de son haut commissaire, Louise Arbour, qui l'avait programmée il y a six mois mais qui aurait été ajournée pour offrir au Maroc la possibilité d'échapper à une condamnation internationale sur les droits de l'homme. Ce qui, aujourd'hui, est considéré comme le plus lourd délit avec les crimes génocidaires. Le secrétaire général de l'Onu devait, cependant, se résoudre à donner le feu vert à l'enquête, dès lors qu'il s'est avéré que Mohamed VI persistait dans sa position qui l'a pourtant placé dans un cul-de-sac. Koffi Annan n'a pas exclu de son rapport au Conseil de sécurité, en avril dernier, une vive préoccupation pour les violations des droits humains au Sahara occidental et les atteintes aux libertés fondamentales dans ces territoires non autonomes, annexés par la force par Rabat qui y maintient ses forces militaires et un mur, érigé depuis 1986, qui divise le territoire et le peuple, à l'instar des murs de Berlin et d'Israël. La visite du HCDH a été entamée mardi à Rabat où les autorités marocaines ont, de nouveau, tenté de noyer le poisson en faisant un exposé sur le travail de l'IER (la commission sur la démocratie version Mohamed VI, Instance, Equité et Justice) concernant les réparations accordées aux victimes des années de plomb dans le Sahara occidental dénommé “province du sud”, sur les cas de “disparitions” de Marocains dans cette région et sur la lutte contre l'impunité des tortionnaires. Le chef de la délégation onusienne, Christophe Giraud, devait balayer ces atermoiements en rappelant à ses interlocuteurs l'objectif de la mission : “Examiner la situation des droits de l'homme au Sahara occidental.”Arrestations arbitraires, emprisonnements, déportations, tortures, répression aveugle sont le lot quotidien des populations sahraouies depuis l'occupation du territoire, déplorent toutes les délégations qui se succèdent dans la région. C'est la conséquence de sa colonisation par le Maroc. D. Bouatta