Après Lakhdar Hamina en 1975, Rachid Bouchareb est le premier cinéaste algérien (il est en France) à être sélectionné pour la palme d'or à Cannes. Personne ne sait encore ce qui se passera le jour du palmarès, avec Indigènes ou pas dans la liste. Ce sera selon la volonté du jury, présidé par le Chinois Wong Kar Wai. Comme réalisateur, après avoir travaillé à TF1, Rachid Bouchareb a fait 4 longs métrages : Poussières de vie, Cheb, Little Sénégal et L'honneur de ma famille (pour Arte), avant Indigènes. Parallèlement, comme producteur, Rachid Bouchareb et 3 B Productions sont derrière Vivre au Paradis, West Beyrouth, Barrage, Flandres, Le Gardien de buffle (actuellement au programme de la Cinémathèque algérienne). R. Bouchareb prépare la bio de Bob Marley, (production US : 2 millions de dollars). Un sacré destin pour ce cinéaste, né dans la banlieue parisienne la plus déshéritée, rejeté du lycée pour apprendre le métier de mécanicien à l'âge de 13 ans. Mais Rachid a vite largué les amarres et s'est inscrit au Centre d'études et de recherches de l'image et du son (CERIS), où il a obtenu une bourse. Ce fut son entrée dans le 7e art. Savait-il qu'un jour, né dans un univers complètement étranger au cinéma, il serait dans la sélection officielle du plus prestigieux festival au monde ? Sans le cinéma, peut-être Rachid serait en train de vendre des cigarettes à l'unité au coin de la rue... « Faire un film, dit Rachid, c'est un combat. J'ai grandi avec les pires difficultés et j'ai compris que la vie est une lutte constante. Le cinéma, dès le départ, était pour moi l'arme dont j'avais besoin pour mener cette lutte. Au fil du temps, il y a eu des cinéastes vers lesquels je me suis senti attiré : Kazan, Scorsese, Pialat. Car America America, Mean Streets et Passe ton bac d'abord ont été les films phares pour moi. Dans mon premier long métrage, Baton rouge, Trois copains chômeurs rêvent de l'Amérique comme eldorado, mais ils se font expulser et perdent leurs illusions. Cheb ensuite est un récit de plusieurs sources, de plusieurs gens que je connais. Face aux préjugés (anti-femmes) en Algérie, j'ai trouvé que pour traverser le pays dans Cheb, la fille devait s'habiller en garçon... Poussières de vie, c'est sur les enfants du Vietnam, fruits des liaisons entre GI's américains et jeunes filles du pays, qui ont été abandonnés par leurs parents. Little Sénégal, c'est sur le quartier de New York où habitent les émigrés sénégalais. Des Sénégalais qui ont roulé leur bosse et affronté pas mal de tempêtes pour se retrouver en Amérique. Indigènes est complètement différent. Il est inspiré de la participation de soldats maghrébins dans la Deuxième Guerre mondiale ». Indigènes est au programme à la fin du festival.