Coup sur coup, deux délégations occidentales sont venues en Algérie s'enquérir de la justice. D'abord une délégation française qui s'est déclarée agréablement surprise de voir les décisions de justice être appliquées aussi vite en Algérie, soulignant la célérité avec laquelle les huissiers suivent les sentences. Une fois partie, c'est une délégation américaine qui est arrivée et a tenu à rappeler qu'une justice soumise aux pressions de l'Exécutif n'a aucun sens et que les juges doivent être mis à l'écart des injonctions du Pouvoir. Sereinement, la justice algérienne a répondu. D'abord aux Français, leur expliquant que les huissiers algériens sont des gens très sérieux. Ensuite aux Américains, leur rappelant que la justice algérienne est indépendante et ses juges libres de leurs décisions. Une fois les délégations parties, les Algériens se sont retrouvés seuls face à leur justice et avec cette question pendante : qui a raison, les Américains ou les Français ? La justice est-elle aussi efficace que ne le disent les Français ou aussi peu indépendante que ne le suspectent les Américains ? Juste avant d'aller dormir, les Algériens ont eu cette réflexion : diplomatie oblige, ce que n'a pas dit la justice algérienne à la délégation française est que les huissiers doivent souvent être payés par les plaignants pour voir les décisions être appliquées rapidement et l'opération - injuste et illégale - est devenue très courante. Ce qui explique la rapidité. Diplomatie oblige, ce que n'a pas dit la justice à la délégation américaine c'est qu'à aucun moment, il n'a été question de séparer la justice du pouvoir politique puisque c'est ce dernier qui gère la carrière des juges, mute, sanctionne, nomme et donne du grade. Ce qui explique la dépendance. Quand les Algériens se sont réveillés le lendemain matin, ils sont allés à la mosquée. Dieu, lui, est juste.