La pénurie de carburant qui a paralysé ces dernières semaines certaines villes de l'Ouest, Oran particulièrement, a failli gagner la capitale. Les stations d'essence ont été prises d'assaut dans plusieurs quartiers de la capitale ce week-end. Les automobilistes se sont rués sur les stations-service où des files interminables ont alimenté la panique. Mais la crainte d'une pénurie n'a fait qu'amplifier les dysfonctionnements de la distribution de carburant subis dans plusieurs régions du pays. Des mesures d'urgence auraient été très vite prises, notamment l'autorisation des camions de distribution à circuler exceptionnellement durant la journée. La tension est retombée et la pénurie semble avoir été évitée in extremis dans la capitale. A l'origine de cette panique, la distribution, la semaine dernière dans la wilaya d'Oran, d'un carburant importé, altéré qui aurait endommagé plusieurs équipements et voitures. «C'est une première, en Algérie. Un événement pareil a de quoi créer la panique. Beaucoup d'automobilistes de l'Ouest se sont rabattus sur le centre du pays, ce qui a amené certaines stations à écouler leurs stocks plus vite», explique Aït Anceur Hamid, président de l'Union des investisseurs propriétaires et exploitants de relais et stations-service. Mais derrière ce problème ponctuel, une difficulté constante se cache mal. Problème récurrent Naftal rassure. «Il n'y a pas de pénurie. Tous les produits pétroliers sont disponibles en quantités suffisantes», assure Djamel Cherdoud, attaché de communication de l'organisme étatique. Selon lui, l'affaire du carburant «instable» découvert à l'ouest du pays n'a aucune incidence sur la disponibilité du carburant. Mais elle aurait provoqué le «dysfonctionnement de la distribution en raison du rush que certaines stations ont subi et ont été contraintes à écouler leurs stocks plus vite que prévu». Il y aurait eu une distribution record de carburant dans la capitale durant la journée de vendredi. 2 millions de litres d'essence sans plomb, plus d'un million de litres de super et près de 3 millions de litres de gasoil. Des chiffres bien au-dessus de la moyenne, assure le représentant de Naftal qui insiste encore : «Il n'y a pas de pénurie.» Mais ces assurances n'empêchent pas le scepticisme. Notamment au sein des professionnels qui réclament d'être «associés aux décisions qui concernent le secteur». «Les pouvoirs publics refusent d'autoriser la mise à niveau des équipements qui permettrait d'augmenter les capacités de distribution des stations-service», insiste Aït Anceur Hamid. Il met en garde contre ce problème récurrent. «Au-delà de ce petit dysfonctionnement qui semble maîtrisé, à long terme, Alger risque d'être dépassée si la capacité de distribution des petites réserves de certaines stations, vieilles de plus de 30 ans, n'est pas revue à la hausse, à travers la modernisation de ses équipement», ajoute-t-il. La menace persiste.