Les pistolets des pompes à essence suspendus et des files d'attente interminables devant chaque station. Oran vit, depuis jeudi dernier, une nouvelle crise du carbu-rant qui a contraint les automobilistes à subir, de nouveau, l'effet d'une «pénurie» ou presque. Si les précédentes crises, la dernière datant du mois de juillet, ont été justifiées par le dysfonctionnement dans la distribution de carburant et l'effet des hallaba', cette fois-ci le problème est tout autre. Les stations d'essence ont été approvisionnées, normalement, mais, surprise, avec un «carburant pollué». Le super', le sans plomb' et le normal' sont, parfois, disponibles mais non conformes. Selon le représentant de l'Union nationale des investisseurs, propriétaires et exploitants des relais et stations-service (UNIPREST), de l'Ouest, M. Boukhari Mohamed, «il n'y a pas de pénurie de carburant puisque nous avons été ravitaillés, normalement, mais le carburant qui nous a été livré est pollué au point où certaines pompes à essence n'arrivent pas à l'aspirer». Constatant cette anomalie qui provient de l'unité de stockage de Naftal, à Petit Lac, certains gérants de stations d'essence ont préféré suspendre les pistolets des pompes à essence tandis que d'autres ont, carrément, refusé de remplir leurs cuves de ce carburant pollué. «Nous ne pouvons pas commercialiser de l'essence non conforme. Nous avons donc décidé, nous gérants des stations, soit d'arrêter la distribution ou de refuser les citernes de Naftal, venues nous approvisionner. C'est mon cas et celui de mon collègue qui a une station d'essence à El Braya et d'autres encore», nous a expliqué le représentant de l'UNIPREST. Sur les dégâts que peut provoquer l'utilisation d'un produit pollué dans un véhicule, le même interlocuteur souligne : «je ne suis pas expert pour parler des effets d'un carburant pollué sur la voiture. Tout ce que je peux dire c'est que le véhicule alimenté avec ce carburant ne roulera pas et nos pompes à essence ne fonctionneront pas avec». Un autre gérant de station d'essence, qui a préféré garder l'anonymat, a déclaré, concernant ce carburant «le carburant comporte un additif non conforme. Ce qui risque de provoquer des dégâts considérables au véhicule». Les additifs sont des composants chimiques qui sont additionnés au carburant pour en améliorer les qualités. Il peut s'agir de détergents qui servent à maintenir la propreté des systèmes d'alimentation en carburant des moteurs, ou encore des produits anti-corrosion, qui protègent les organes du moteur de la rouille, de l'anti-mousse, pour un remplissage rapide des réservoirs des voitures, ou encore d'anti-oxydants qui évitent la formation de sédiments dans les cuves et réservoirs... Au total, il existe une quinzaine d'additifs, essence et gazole confondus. Des problèmes techniques que certains automobilistes ont évoqués après avoir rempli les réservoirs de leurs voitures avec ce carburant pollué. Pour certains, c'est la pompe à essence qui a été endommagée. Pour avoir des explications sur ce problème, nous avons tenté de contacter un responsable de l'unité de stokage de Naftal, à Petit Lac, ce dernier a, à plusieurs reprises, raccroché le téléphone après avoir su qu'il s'agissait de la presse. Toutefois, le représentant de l'UNIPREST nous a confirmé que le problème a été exposé à Naftal avec des promesses qu'il devait être réglé dans l'après- midi d'hier. Pourtant une source responsable au «District carburant Oran Naftal» avait assuré, samedi à l'APS que «les perturbations relevées, notamment vendredi, ne sont, aucunement, une source d'inquiétude» et que les stocks des dépôts d'approvisionnement se trouvent à un niveau «réconfortant». Ajoutant que «bien que la raffinerie d'Arzew soit à l'arrêt, pour la période allant du 1er septembre au 1er octobre prochain, les stocks de carburants sont disponibles, en quantité suffisante pour ravitailler tous les dépôts de distribution de Naftal de toute la région-ouest et sud-ouest du pays». La source responsable de Naftal n'avait pas évoqué les raisons de cette perturbation qui dure, depuis jeudi dernier. Il y a quelques jours, le problème de trafic de carburant a refait surface, dans la wilaya d'El Tarf. Selon ce qui avait été rapporté par l'APS, les trafiquants semblent avoir trouvé un autre stratagème pour s'approvisionner en carburant sans risque d'être piégés : ils ont carrément changé de cap en délaissant les stations-service habituelles, à El Kala et à El Tarf où le contrôle s'est durci, pour préférer les localités «cachées» à l'exemple de Berrihane ou de Reghia, notamment. Ce phénomène a refait surface au moment où le ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi a rassuré, il y a quelques jours, à Alger, que les mesures prises, dernièrement, par le gouvernement pour lutter contre le trafic de carburants, aux frontières, commençaient à porter leurs fruits, affirmant que cette lutte sera poursuivie, avec «plus d'intensité». Rappelons, qu'en début du mois de juillet, le gouvernement avait pris une série de mesures pour renforcer le contrôle dans les zones frontalières concernées par ce trafic où des quantités importantes de carburants sont détournées vers le Maroc et la Tunisie.