Au mépris des textes présidentiels (portant application de la charte pour la paix et la réconciliation), la police délivre elle-même mes certificats de décès », dénonce l'ONG SOS Disparus dans un communiqué rendu public hier. « Alors que l'ordonnance présidentielle du 28 février dernier énonce que la famille du disparu doit requérir auprès du tribunal la délivrance d'un jugement de décès, prononcé par un magistrat sur la base d'un procès-verbal de disparition établi lui-même par la police à l'issue de recherches demeurées infructueuses (art. 30 et suite), la police choisit d'emprunter des raccourcis en délivrant elle-même ces certificats de décès aux familles », indique SOS Disparus. L'ONG cite le cas de Mme Lounès Fatima, épouse Sellami. Convoquée par la police de Meftah à l'est d'Alger, le 13 mai 2006, des agents lui ont délivré un certificat de décès pour son mari, Messaoud Sellami, disparu depuis 1996. Dans ce certificat, la police indique que, après recherches, M. Sellami appartenait à un groupe armé et est mort au maquis. Une semaine avant ce 13 mai, précise SOS Disparus, Mme Lounès s'était rendue au même commissariat pour s'informer sur son mari, et les policiers lui auraient répliqué que les recherches étaient toujours en cours. Selon le témoignage de Mme Lounès, les policiers n'ont pu expliquer la contradiction entre deux affirmations distantes d'une semaine. A Oran, poursuit SOS Disparus, des familles de disparus, dont les familles Diab Ben Amrane et Boudali, qui se sont rapprochées des autorités pour demander des nouvelles de leurs proches, « se sont vu refoulées sans ménagement par les agents leur déclarant que leurs enfants étaient tous morts et qu'ils ne devaient plus revenir les chercher ». L'ONG en tire un constat : « Plus de deux mois après l'adoption des textes présidentiels, sans doute déroutées par le refus de nombreuses familles de déclarer leurs proches décédés sans aucune preuve, les autorités semblent vouloir accélérer le processus de délivrance des certificats de décès au mépris du droit édicté par le président. »