Les travailleurs des ports ont répondu massivement à l'appel de débrayage qui leur est lancé, avant-hier, par la coordination des syndicats des entreprises portuaires. Hormis celui de Annaba, les neuf autres ports d'Algérie étaient paralysés hier. Le mot d'ordre de grève a été respecté à 100% », nous a déclaré Dris Benbrik, responsable de la coordination des ports. La mobilisation des travailleurs était parfaite et leur message est clair : « Non à la privatisation de nos ports ! » Selon notre interlocuteur, 97 navires étaient immobilisés au niveau de différents ports. A Alger, l'un des grands ports du pays, la grève a été suivie massivement. « Le port d'Alger est paralysé à 100%. Nous avons assuré un service minimum pour les car-ferries (transport des voyageurs) et le gazier », a affirmé Abbes Guermach, secrétaire général du port d'Alger. Sur le terrain, il était cependant difficile de vérifier le taux de suivi de la grève en raison des difficultés rencontrées par les journalistes pour accéder aux enceintes portuaires. Les travailleurs, explique encore notre interlocuteur, s'opposent à toute forme de privatisation. « Si on privatise le port, les armes circuleront facilement dans le pays. La preuve, on n'arrive même pas à arrêter l'importation des pétards. Les ports doivent rester publics », a lancé, encore, Abbes Guermach. Cette journée de protestation a engendré, selon lui, un manque à gagner de 14 à 15 milliards de dinars pour les ports. Et le responsable de cette situation demeure, pour les syndicalistes, l'administration et le ministère des Transports. « Ce sont des gens irresponsables. Nous avons signé avec eux, le 10 avril dernier, un accord portant sur l'ouverture d'un dialogue en vue de trouver une solution idoine pour les problèmes des travailleurs. Nous nous sommes accordés une échéance de deux mois pour discuter sérieusement de l'avenir des travailleurs. Mais, sans scrupule, le ministère n'a pas tenu ses engagements », a ajouté Abbes Guermach. Les contestataires demandent le gel ou carrément la suppression du décret exécutif portant sur la séparation de certaines activités portuaires. Selon eux, la modernisation du port ne se réalisera pas forcément par sa privatisation. « Nous avons réalisé une meilleure performance jusque-là. Si les autorités veulent moderniser nos ports, elles n'ont qu'à mettre à notre disposition les moyens nécessaires », a lancé un autre syndicaliste du port d'Alger. Désormais, ajoute-il, les arguments du gouvernement évoquant son souci d'améliorer la gestion et le management des entreprises portuaires ne tiennent plus la route. « Oui pour la formation et non à la privatisation », a précisé notre interlocuteur. A rappeler que les travailleurs des ports ont gelé, en avril dernier, un mouvement de protestation similaire à celui d'hier. C'était suite à l'intervention du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui avait appelé à une trêve sociale à cause de la maladie du président Bouteflika. Sidi Saïd a invité les représentants de syndicat et le ministère des Transports à ouvrir un dialogue afin de résoudre le problème.