Les attaques frontales et successives du duo FLN-MSP contre le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, ne semblent guère inquiéter les cadres du RND. Ceux-ci suivent « avec sérénité » les agitations qui se font autour de la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement, conformément aux dispositions de la Constitution. Motion de censure au départ, souhait que Ahmed Ouyahia ne passe pas devant l'Assemblée populaire nationale par la suite, le FLN trébuche. Pourquoi ? A-t-il reçu des instructions d'en haut ? N'a-t-il pas trouvé les soutiens nécessaires ou a-t-il peur de l'affrontement ? Difficile de répondre. Au RND, on est convaincu d'une chose : l'objectif de toutes ces manœuvres était de semer la confusion autour de cette question pour empêcher le chef de l'Exécutif d'accomplir son devoir constitutionnel. La raison ? « Les deux formations, le FLN et le MSP, ont peur que Ahmed Ouyahia profite de cette tribune pour renforcer sa position. Ils refusent de lui accorder cette occasion », nous répondra simplement un cadre du RND. D'ailleurs, on dit même que le chef de l'Exécutif n'a pas déposé sa demande auprès du bureau de l'Assemblée nationale. Miloud Chorfi, porte-parole du parti d'Ahmed Ouyahia et également chef du groupe parlementaire, confirme, par contre, que le chef du gouvernement l'a bien fait. Selon lui, il a même suggéré la période du 24 au 31 mai pour son passage devant les députés. Mais, l'Assemblée nationale semble décidée de le reporter. Report qui sera synonyme d'un refus. En tout cas, le bureau de l'APN, présidé par Amar Saïdani, également président de l'Assemblée nationale, ne s'est pas encore réuni pour donner sa réponse au chef de l'Exécutif et ne semble pas le faire dans les prochains jours. Dans ce cas, l'Assemblée nationale enfreindra la Constitution, plus exactement l'article 84 qui stipule : « Le gouvernement présente annuellement à l'Assemblée populaire nationale une déclaration de politique générale. » Ainsi, au rassemblement national, on reste serein, étant convaincu que ni le FLN ni le MSP ne sont « capables » d'empêcher M.Ouyahia de se présenter devant les députés. « Le chef du gouvernement présentera sa déclaration de politique générale, sauf si le chef de l'Etat décide autrement », nous indique un autre cadre du RND, qui précise, par ailleurs, que l'Exécutif ne fait qu'appliquer le programme du chef de l'Etat. Notre interlocuteur atteste que le bilan du gouvernement - qui compte 16 ministres FLN et 5 MSP - n'est pas « négatif ». A ses yeux, les quelques secteurs en difficulté ont enregistré des performances. Et de ce fait, le chef du gouvernement est loin d'être dans une mauvaise posture et a sûrement de quoi battre en brèche les critiques aussi bien des députés FLN que des autres groupes parlementaires. Il indique que certains partis font dans le populisme à l'approche des élections législatives de 2007 et marchandent avec les revendications des travailleurs, telles que la question de l'augmentation des salaires. Allusion faite, bien entendu au FLN et au MSP qui en ont fait leur cheval de bataille. Selon notre interlocuteur, cette question est pourtant prise en charge dans un cadre organisé de dialogue entre les représentants des syndicats, ceux du patron et le chef du gouvernement. Dans le même contexte, il ajoutera que l'essentiel au RND est de « préserver la stabilité macroéconomique pour que l'Algérie arrive au bout du tunnel ». Cela paraît très possible à ses yeux, et ce, grâce à « la gestion rigoureuse du chef du gouvernement ». Outre cela, il dira que le RND refuse de « suivre le chant des sirènes », affirmant que Ahmed Ouyahia « ne risque pas de se dérober à ses responsabilités, aussi difficiles soient-elles, car il a le sens de l'Etat assez prononcé ».