Le marché du médicament est détenu par certains importateurs étrangers au domaine, soucieux de faire de bonnes affaires au détriment des malades. En marge des communications scientifiques ayant émaillé la 11ème journée régionale organisée, ce mardi, à l'hôtel Hocine (Ali Mendjeli) par le syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo), autour du thème «L'officine en 50 ans d'indépendance», certains jeunes pharmaciens d'officines implantées dans les quartiers populaires ont évoqué, en aparté, le problème de la marge bénéficiaire qui n'a pas été réévaluée depuis 10 ans. «C'est un non-sens par rapport à une inflation effrénée, à la baisse du pouvoir d'achat et à la prolifération des officines», s'insurge une jeune pharmacienne. De leur côté, les syndicalistes réclament la dissolution des officines pharmaceutiques d'Etat «qui ne sont pas en conformité avec la loi car gérées par des non-professionnels», l'élaboration d'un plan national de formation du pharmacien, l'amélioration de la retraite et celle des délais de remboursement des médicaments délivrés dans le cadre du tiers payant, ainsi que l'installation rapide de l'Agence nationale du médicament prévue déjà en 2008. D'autres pharmaciens dénoncent carrément «le monopole exercé par certains importateurs étrangers à la profession sur le marché du médicament, qui provoquent des ruptures de stock inopinées de produits vitaux au détriment des malades». Le problème de délivrance de substances vénéneuses, considérées à tort comme des psychotropes, a aussi été réitéré par le secrétaire général du bureau de wilaya du Snapo, Raouf Laïb. «Nous revendiquons une liste claire des substances concernées par l'ordonnancier car il existe plus de 1000 produits vénéneux qui ne sont pas des psychotropes», dit-il. Par ailleurs, entre autres sujets déclinés pour cette 11ème journée, celui du rôle du pharmacien d'officine de 1962 à nos jours, de Zemmouchi Abderrahim, pharmacien et premier président du Snapo, présenté par le Dr Messaoud Belambri, ex-président national du Snapo. Le conférencier a évoqué la situation inédite, sans précédent, dans laquelle s'est trouvé plongé le pays au lendemain de l'indépendance, avec seulement 80 pharmacies -sur les 600 d'avant 1962-, suite au départ massif des cadres français. Il a rappelé les différentes étapes critiques par lesquelles est passée la profession, avec notamment la domination du marché du médicament par la pharmacie centrale algérienne et son favoritisme affiché pour les agences pharmaceutiques, au détriment de centaines d'universitaires plus qualifiés, tout en notant toutefois les nombreuses avancées dans le domaine comme, entre autres, le système du tiers payant, la carte CHIFA (et sa généralisation), l'ouverture de nombreuses officines par les jeunes diplômes et la création du Snapo1997, lequel est, selon l'orateur, «le défenseur acharné d'un exercice pharmaceutique noble, digne, efficace et efficient». Les organisateurs de ce conclave ont rendu un vibrant hommage aux deux illustres révolutionnaires et pionniers de la profession, Ferhat Abbas et Benyoucef Benkhedda.