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le prix Nobel ne l'impressionne pas
Malala Yousafzaï. Grièvement blessée par les taliban, favorite demain pour le Nobel 2013
Publié dans El Watan le 10 - 10 - 2013

Il arrive parfois que les peuples, pris au piège de leur propre démission, ne puissent plus trouver de recours qu'auprès des auteurs mêmes des maux dont ils sont accablés. C'est alors que l'oppression et l'arbitraire peuvent se muer en institutions.
Malala Yousafzai sera-t-elle auréolée du prix Nobel de la paix 2013 qui sera décerné demain à Oslo ? L'adolescente pakistanaise de 16 ans n'y pense pas trop et la notoriété charriée par cette distinction ne lui effleure pas l'esprit.
Elle est déjà très connue, cette «icône de la paix» qui s'était courageusement opposée aux taliban devenant le symbole du combat pour le droit des jeunes filles à l'éducation. Elle avait été la cible d'une tentative d'assassinat le 9 octobre 2012, blessée à la tête et laissée pour morte par les assaillants taliban, alors qu'elle revenait de son école.
Ses agresseurs, qui venaient ainsi la punir, n'avaient pas oublié son offense en 2009 lorsqu'elle avait dénoncé dans son blog les violences des taliban. Après une période de coma et alors que son pronostic vital était engagé, elle reprend ses forces doucement et renaît à la vie. Après son réveil dans un hôpital de Birminghan, les questions ont commencé à fuser dans sa tête. «Où suis-je ? Qui m'a emmenée ? Où sont mes parents ? Mon père est-il encore en vie ?» «J'étais terrifiée», raconte la jeune fille. «La seule chose que je savais, c'est qu'Allah m'avait bénie en m'accordant une nouvelle vie», ajoute-t-elle.
Malala dit aussi avoir apprécié en Grande-Bretagne l'émission de télévision «Master chef», un concours entre apprentis-cuisiniers, mais ne pas avoir apprécié du tout le film Joue-la comme Bekham. Elle a même demandé aux infirmiers d'éteindre la télévision tant elle était choquée, raconte-t-elle, par les scènes où des jeunes filles enlèvent leurs chemises avant de jouer au football en soutien-gorge.
Ses parents ont finalement pu retrouver leur fille, 16 jours après l'attaque, et Malala a pu enfin se laisser aller à pleurer. «Pendant tout ce temps à l'hôpital, je n'ai pas pleuré, même lorsque j'avais toutes ces aiguilles dans mon cou ou lorsque les agraffes ont été retirées de ma tête», raconte la jeune fille.
Régner par la terreur
Malala a grandi dans la province de Khyber au Pakistan, où les taliban défont l'armée pakistanaise en 2008. Dans la ville de Swat, où la fillette, 11 ans à l'époque, est scolarisée. Ces derniers détruisent une centaine d'établissements. Elle qui envisage de devenir médecin, suit alors les traces de son père, un directeur d'école engagé pour l'éducation des enfants. Il l'emmène à Peshawar, où elle s'insurge contre l'action des taliban ; devant les journalistes, son discours est repris par de nombreux médias dans la région. Et puis, tout s'accélère. Début 2009, après la visite d'un journaliste de la BBC, elle ouvre un blog où elle raconte, sous le pseudonyme de Gul Makaï, sa vie sous le régime des taliban ! «Ma mère a préparé mon petit-déjeuner et je suis partie pour l'école. J'avais peur, car les taliban ont annoncé qu'ils allaient interdire aux filles d'aller à l'école», écrit-elle dans son premier billet le 3 janvier.
Douze jours plus tard, le décret prend effet le jour des vacances d'hiver. «Je n'irai peut-être plus jamais à l'école», écrit Malala, le 14 janvier. L'armée pakistanaise reprend la région aux taliban, et en mai la jeune militante finit par faire rouvrir son école qui prend son nom. Malala Yousafzaï devient alors le symbole de la lutte pour l'éducation des filles. Son identité est rapidement révélée et le NewYork Times lui consacre un documentaire. En décembre 2011, elle reçoit des mains du Premier ministre pakistanais le premier prix national de la jeunesse pour la paix qui porte son nom, et évoque même la création d'un parti politique. Avec cette médiatisation croissante, les menaces de mort se multiplient contre l'adolescente.
Le 9 octobre 2012, elle est assise dans un bus scolaire quand des hommes masqués montent à bord. L'un d'eux demande : «qui est Malala ?» et lui tire une balle dans la tête. Elle a 15 ans. Les médecins pensent que son cerveau est atteint. Elle est transférée dans un hôpital en Grande-Bretagne et passe six jours dans le coma. L'attaque est revendiquée par le mouvement des taliban au Pakistan, écrit Euronews, au motif «qu'elle faisait la promotion de la laïcité et qu'elle a la mentalité occidentale». Quatre mois plus tard, une plaque de métal dans le crâne, elle sort de l'hôpital. Le tireur, lui, court toujours.
Icône à 15 ans
Politiciens, journalistes, militants, stars et médias du monde entier se mobilisent pour défendre la cause de l'héroïne du Pakistan. Un fonds, baptisé Plan Malala, est créé, «visant à scolariser d'ici 2015 les 32 millions de fillettes qui ne le sont pas encore», rapporte Le Monde. Malala Yousafzaï reçoit de nombreuses récompenses pour son engagement, notamment le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes ou le prix Anna Politkovskaïa, décerné par une ONG britanique pour récompenser les femmes qui défendent les droits des victimes dans les zones de conflit. En avril dernier, le Times la classe parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde.
Le 12 juillet (rebaptisé «Malala Day), elle fête ses 16 ans à la tribune de l'ONU. Les taliban «pensaient qu'une balle pourrait nous réduire au silence, mais ils ont échoué», déclare-t-elle, avant de lancer un appel aux gouvernements «à assurer une éduction libre et obligatoire à chaque enfant dans le monde». Elle est ovationnée. «Les extrémistes ont peur des livres et des sytlos. Le pouvoir de l'éducation les effraie, clame-telle. Un enfant, un enseignant, un livre et un stylo peuvent changer le monde».
Devenue une icône du combat pour l'éducation des filles, Malala Yousafzaï vit désormais à Birminghan au Royaume-Uni. Elle raconte à la BBC que cela «a été difficile de s'adapter à une culture et une société nouvelles, surtout pour ma mère, car on n'avait jamais vu des femmes aussi libres, libres d'aller sur n'importe quel marché, seules, sans frère ou père pour les accompagner.»
Elle n'a pas oublié son combat. «Je veux changer l'avenir de mon pays et rendre l'éducation obligatoire, insiste-t-elle. J'espère que le jour viendra où les Pakistanais seront libes, qu'ils auront des droits, qu'il y aura la paix et que chaque fille et chaque garçon ira à l'école.»
L'adolescente, qui doit rencontrer la reine Elizabeth II le 18 octobre, compte bien retourner un jour au Pakistan malgré le danger. Car les taliban qui l'ont attaquée ont réitéré leurs menaces. «Nous allons encore la viser et l'attaquer dès que nous en aurons l'occasion», a déclaré leur porte-parole, Shahidullah Shahid. «Ce n'est pas une fille courageuse. Elle a même utilisé le faux nom de Gul Makaï pour son blog. Nous avons attaqué Malala car elle parlait contre les taliban et l'Islam, et non parce qu'elle allait à l'école.» Mais l'adolescente ne se laisse pas impressionner. Plus tard, elle voudrait «être une femme politique».
Malala s'est confessée dans un livre autobiographique, sorti hier au Royaume-Uni. Elle évoque son enfance, ses parents, mais surtout «la jeune fille qui s'est levée pour l'éducation et sur qui les taliban ont tiré».
Le cas de cette fille et ses positions avaient ému le monde entier, suscitant une énorme vague de sympathie. Mais Malala compte aussi son lot de détracteurs dans son pays d'origine, où on l'accuse «d'être instrumentalisée par les puissances occidentales».
Elle n'en a cure, puisque c'est faux, soutient-elle. Quant à ses contempteurs, ils se comptent surtout dans les rangs des extrémistes, particulièrement les taliban, ces partisans de l'islamisme radical, qui interprètent à leur manière le Livre Saint, en le réduisant à des visions étroites et univoques.«Leurs pratiques sont obscurantistes, brutales, intolérantes, odieuses et injustifiables, tout le contraire de notre noble religion», constate-t-elle.
Malala mène un combat singulier auquel on ne peut accoler aucune signification dogmatique ou idéologique, car les révolutions les plus humaines sont bien celles qui ne dépendent d'aucune idéologie ni de préceptes moraux.
Avec ses idées et à son âge, Malala paraît défier son époque, son environnement. Cela peut surprendre, mais ne dit-on pas qu'aux âmes bien nées la valeur n'attend pas le nombre des années ? Les exemples ne manquent pas.
L'écho résonne déjà, qui nous vient aussi de ce jeune poète tunisien qui s'était illustré par son esprit de combat visionnaire en déclamant ces fameux vers éternels. «Lorsqu'un jour le peuple veut la vie, force pour le destin de répondre, pour la nuit de s'évanouir, pour les chaînes de se rompre». Ce poète s'appelait Abou El Qassim Chabbi. Il dépassait à peine les vingt ans !
Justement, Malala veut casser les verrous face aux petites lâchetés quotidiennes. Et ce ne sont par les postures terrifiantes des taliban qui l'intimideront !
L'espoir demeure
Ces derniers se considèrent comme les dépositaires d'une religion qu'ils ont travestie en prônant le djihad, la guerre sainte, dont il est si souvent question dans les écrits occidentaux. Le djihad serait-il mort et désolation ? En fait, le djihad signifie effort collectif où il n'est question ni de guerre ni de tuerie, encore moins de sainteté. Dans la formule coranique «ceux qui ont cru et émigré et lutté dans le sentier de Dieu, le mot djihad signifie à la fois défense et œuvre de charité, y compris l'effort contre soi-même». Dans la sourate XIII-72, on parle de lutter corps et biens, à quoi un hadith ajoute même par la langue et par tout autre effort.«Le meilleur djihad, c'est une parole de justice devant un souverain injuste» ; hadith cité par Abudaoud.
Pour Malala, l'Islam n'est pas une idéologie totalitaire. «Il a permis et toléré une pluralité de tendances. La tradition prophétique fait entrer la liberté de parole dans le domaine du droit. La diversité d'opinions dans ma communauté est un signe de la divine miséricorde.»
Consacrée à l'ONU au printemps dernier, Malala pourrait bien décrocher le Nobel de la paix. Une foultitude de candidats - 259 - un record, se pressent sous les ors de la célèbre institution mondiale pour briguer la fameuse distinction, dont les plus notoires sont Bradley Manning, l'informateur de WikiLeaks condamné à 35 ans pour avoir divulgué des informations américaines stratégiques, Denis Mukwege, gynécologue congolais qui a aidé des femmes violées et persécutées de son pays, la cardinal nigérian Oniayegan, Mama Gobran, la Teresa copte du Caire et plusieurs aspirants russes, dont l'inénarrable… Vladimir Poutine !


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