Atteinte à la liberté d'expression. Un blogueur est incarcéré depuis le 25 septembre dernier ; il est poursuivi pour «atteinte à la personne du président de la République, outrage à corps constitués et apologie du terrorisme», et ce, pour avoir simplement publié sur sa page facebook des caricatures et des photomontages se moquant du Président et d'autres responsables gouvernementaux. Il s'agit de Abdelghani Aloui, 24 ans, originaire de Tlemcen. Selon son avocat, maître Amine Sidhoum, une brigade spéciale relevant de la Gendarmerie nationale de Bab J'did (Alger) s'est déplacée jusqu'à Tlemcen où elle a «perquisitionné le domicile familial du blogueur, lui laissant une convocation. Deux jours après, le jeune blogueur se présenta à la gendarmerie, à Alger, et à sa grande surprise, il est retenupendant dix jours en garde à vue avant d'être présenté devant le procureur de la République, le 25 septembre, qui l'a placé ensuite sous mandat de dépôt», ajoute l'avocat. Entendu hier par le juge d'instruction du pôle spécialisé du tribunal criminel d'Alger, qui a décidé de son maintien en détention préventive, il sera jugé pour trois chefs d'inculpation : «atteinte à la personne du président de la République», «outrage à corps constitués» et «apologie du terrorisme» ! «Lors de la perquisition de son domicile, la gendarmerie a trouvé chez lui une écharpe portant l'inscription ‘La Illah illa Allah' (il n'y a de Dieu que Dieu)», a précisé Me Sidhoum. Des chefs d'accusation qui tombent sous le coup des articles 144, 148 et 87 bis10 du code pénal. Absurde ! Pour l'avocat, l'inculpation du blogueur constitue «une grave atteinte à la liberté d'expression et contraire aux conventions internationales des droits de l'homme ratifiées par l'Algérie». Le blogueur, Abdelghani Aloui, encourt de lourdes peines. C'est le deuxième cas en l'espace d'une année où un blogueur est poursuivi en justice pour outrage. L'année passée, Saïdi Sabri est resté neuf mois en prison, en détention préventive, avant d'être acquitté.