Certains sociologues aiment à répéter que le sport est le reflet de la société. On connaît tous ces petites guéguerres qui minent notre football, surtout celles qui touchent notre élite nationale qui nous représente sur les gazons des stades internationaux. A chaque préparation des grands matches de telle ou telle compétition, il y a ce jeu de la devinette que chacun de nous fait. Quels seront les vingt-deux noms sélectionnés ? Tout le monde y va alors de son pronostic, sportif régionaliste, supporter effréné. houmiste aguerri. Voilà comment, subitement, chaque algérien devient entraîneur national, rêvant de porter au plus haut son équipe ; tout le monde en est content, jusqu'au moment où certains décident d'inviter la crème de nos jeunes joueurs expatriés, inconnus ou oubliés des terrains de chez nous, ces jeunes plébiscités par des décideurs qui ont cette logique qui veut qu'un joueur à l'étranger soit mieux préparé, mettant de côté nos jeunes qui, à longueur d'année, s'époumonent sur nos gazons minés. Pourquoi parler de tout cela ? Parce que nous croyions sottement que cette logique était réservée au seul sport de masse. Car notre chère littérature, qui n'a jamais été aussi prolifique, aussi belle, aussi riche, se retrouve suspendue au bon vouloir décisionnel de cette même sorte de gens ! Parce qu'après ces années de disette, nous sommes heureux de constater que Dib et Yassine peuvent dormir tranquilles, la relève est là, elle est ce qu'elle est certes, mais elle progresse et grandit au rythme de ce que la société lui apporte comme matière, comme engouement, comme soutien. On est là à présenter de nouveaux auteurs, écouter leurs extraits sur les ondes, les savourer à l'écran, c'est positif, encourageant, mais une fois encore, le tirage au sort de la représentation internationale en a décidé autrement, en pavoisant avec des noms, des têtes, des titres de là-bas chez nous. Quel dommage ! On a donc préféré élire ce que d'autres ont choisi, édité et félicité, au grand dam de nos pauvres locaux qui gardent cette ténacité de croire en la culture, seul domaine sain où la seule valeur reconnue est l'œuvre produite. Pour mémoire, nos officiels et intellectuels ont combattu et continuent de le faire, une loi française valorisant le passé colonialiste, à tort.