La tripartite entre le gouvernement, le syndicat et les partenaires économiques et sociaux s'est ouverte, hier à Djenane El Mithak, dans un contexte politique national particulier. Elle intervient avant la présidentielle de 2014 et au lendemain d'une série de grèves, qui ont touché les secteurs de l'éducation nationale et des transports. Les enseignants affiliés au Cnapest-Elargi sont depuis lundi 7 octobre en grève illimitée, alors que le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) a appelé à un débrayage d'une journée, renouvelable chaque semaine, pour exiger, entre autres, une révision du statut particulier des fonctionnaires. Pour leur part, les travailleurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain (Etusa) avaient décidé d'une grève de deux jours pour protester contre le non-versement de leur salaire du mois de septembre. Il a fallu l'intervention en urgence du ministre des Transports, Amar Ghoul, pour que les employés de l'Etusa cessent leur mouvement de protestation, obtiennent gain de cause et remettent les bus en circulation. Hier, le Premier ministre n'est pas revenu sur l'agitation sociale qui secoue le pays. Il faut dire que le gouvernement avait pris soin de déblayer le terrain en évitant d'aborder le volet social en se focalisant sur celui de l'économie. Il avait veillé, avant cette rencontre, d'amadouer les patrons en acceptant la plupart de leurs revendications. Les chefs d'entreprise réclamaient une plus grande souplesse sur la fiscalité, le crédit bancaire et l'effacement de la dette. Ils ont eu gain de cause. Hier dans la grande salle feutrée de Djenane El Mithak, les échanges étaient cordiaux et les patrons s'empressaient, lors de leurs interventions, de remercier le Premier ministre pour «son pragmatisme et son sens des responsabilités.» Rahim, nouveau patron Des patrons Chez les patrons, Réda Hamiani a perdu la manche. L'homme, qui était le principal interlocuteur des puissants de ce pays, a été confiné dans un rôle de simple participant à la tripartite. Il n'a même pas été désigné par ses pairs pour lire la plateforme rédigée par la coordination patronale. C'est Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), qui a été chargé de le faire. Dans la guerre de leadership qui oppose Réda Hamiani à Abdelouahab Rahim, le second semble avoir réussi à évincer le président du FCE de la position qu'il occupait depuis de nombreuses années. Abdelouahab Rahim, qui entretient des relations amicales de longue date avec Abdelmalek Sellal, semble avoir été «désigné» pour être le nouveau coordinateur des patrons. Pourtant, sous la présidence de M. Hamiani, le patronat avait également obtenu de très nombreuses aides du gouvernement. UGTA : pour exister, on retourne Sa veste Abdelmadjid Sidi Saïd veut continuer à exister, alors, il s'adapte. Il a décidé de faire basculer l'UGTA d'un syndicat de revendications à un syndicat de propositions. Hier, le secrétaire général de l'UGTA est arrivé, comme les patrons, avec une série de propositions sous le bras et une déclaration de foi : l'UGTA n'est plus dans l'opposition au patronat et assume son soutien sans faille au gouvernement. Dorénavant, il milite pour une démarche participative. Dans un long discours, ponctué de quelques instants de cabotinage, qu'il maîtrise à merveille, Abdelmadjid Sidi Saïd s'est bien abstenu de demander une revalorisation salariale pour les travailleurs, renvoyée à plus tard. Il s'est contenté, en fin de discours, de solliciter une nouvelle tripartite, qui se penchera sur les questions sociales relatives au monde du travail, notamment l'article 87 bis du SNMG.