Pour que le processus euro-méditerranéen soit abordé et traite de la globalité des trois corbeilles de la déclaration de Barcelone, il fallait nécessairement évoquer ces fameuses passerelles entre les deux rives qui risquent de ne jamais être établies. A cause du racisme et de la xénophobie. Mais comment et où en parler, tant redoute-t-on les phénomènes tendant à être banalisés et à être relégués - pas en tant que tels bien entendu - dans les programmes gouvernementaux ? Autrement dit dans les législations nationales - le thème en question a été l'objet d'un séminaire à Vienne, la capitale de l'Autriche littéralement placée en quarantaine par l'Union européenne quand l'extrême droite de Yorg Haider a accédé au pouvoir. En fait, une coalition avec les conservateurs. Mais pour ce chapitre, l'Autriche n'est pas un cas à part, puisque l'Italie suivra avec des mouvements fascistes et xénophobes comme le MSI et la Ligue du nord. Dans d'autres pays européens, les partis dits démocratiques n'hésitent pas à puiser dans le discours de l'extrême droite, c'est toute l'importance de ce colloque qui s'intitule « Racisme, xénophobie et médias ». Un orateur s'est d'ailleurs fait fort de citer le secrétaire général de l'ONU qui soulignait que l'être humain ne naît pas raciste ». En d'autres termes, il le devient. Mais qui dans ce cas, faut-il mettre en cause ? Les élites, les médias ou tout simplement l'échec de la presse politique. Les premiers y trouvent comme un dérivatif, voire un recours pour masquer leur échec, et les médias agissent comme par réflexe. Deux cas parmi les plus récents pour en témoigner. L'assassinat en Belgique d'un adolescent a été vite imputé à des Maghrébins. L'enquête qui allait suivre, mettait en cause un Polonais. En Belgique encore, un crime raciste commis de sang froid par un jeune sorti à peine de l'adolescence. Un autre crime commis à l'encontre d'un jeune juif en France, vite qualifié d'antisémite par les médias, mais crapuleux selon tous les rapports de police. La presse serait-elle alors raciste ou pourrait-elle en toute connaissance de cause, faire le jeu des mouvements racistes élevés au rang de faiseurs d'opinion ? C'est ce qui est à craindre effectivement, et c'est pourquoi elle est appelée à promouvoir la raison et contribuer à combattre la haine. Intervenant en ce sens, le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme avouera son incapacité à en parler de manière succincte comme certainement l'auraient souhaité les organisateurs. Selon lui, il y a une accentuation des manifestations du racisme et de la xénophobie en Europe ». Plus grave, dira-t-il à ce sujet, est « la banalisation du racisme découlant de son instrumentalisation par les seuls partis extrémistes, mais aussi par d'autres dits démocratiques. Dans son intervention, la plus applaudie, il relèvera que « le discours raciste sort du droit et devient banal. Ce n'est plus un simple discours, mais il conduit à des alliances gouvernementales et cela se voit dans les différentes législations nationales sur l'immigration. Aucun cas particulier n'a été traité mais la dernière loi en date est française, et son initiateur a été traité de raciste la semaine dernière au Bénin et au Mali. D'aucuns pourtant diront qu'en serrant à ce point la vis, M. Nicolas Sarkozy a été au devant d'un électorat particulièrement sensible sur cette question pour avoir été des années durant matraqué et pris en charge par les extrémistes. Il remonte en vérité aux années 1970, et la France a fini par ne plus être un cas particulier puisque des partis extrémistes, il en existe presque partout en Europe, y compris dans les anciens pays communistes comme la Pologne où ils sont associés à l'équipe gouvernementale. Première à intervenir à ce colloque, la commissaire européenne en charge de la coopération, l'Autrichienne Benita Ferero Waldner paraphrasera un auteur célèbre qui déclarait que « le racisme constitue la plus grande menace de l'homme contre l'homme », « ce que, a-t-elle souligné, les Européens connaissent bien », et que « l'UE est née à la suite de ce cataclysme ». Mais, ajoutera t-elle, « on ne veut pas prescrire une solution » et « ce n'est pas aux hommes politiques d'imposer un code de conduite ».Sur ce point précis de la liberté d'expression, le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) dira « que celle-ci ne consiste pas à offenser ou insulter ». Il faut, dira M. Aïden White « dire la vérité, mais toute la vérité, pas uniquement celle qui arrange ». Et que comme le thème a été abordé, il soulignera à propos des caricatures parues dans un quotidien danois, que « la liberté d'expression est aussi celle de ne pas publier » Sous couvert de concept à la noblesse avérée, ne faudrait-il pas donc parler de racisme ambiant ? Ce qui renvoie alors à l'idée de banalisation mais ceux qui empruntent de telles voies ne sont-ils pas eux-mêmes sous pression ou plus simplement convaincus par leur propre discours. Encore cette banalisation qui renvoie à l'émergence et l'extension du racisme, ce qui signifie déjà l'échec de ce qui était considéré comme autant de modèles.Toute l'Europe du nord à cet égard est envahie par ce phénomène. Il n'est pas dominant, mais il a fini par imprégner le quotidien et la politique de très nombreux pays. Comment donc s'étonner de certains procédés ? Mais comment conséquemment parler de dialogue des civilisations si au départ , il y a une forte suspicion, elle-même alimentée par des préjugés en fin de compte bien ancrés ?