Dans sa déclaration introductive, le chef de la diplomatie algérienne a insisté sur « le renforcement du partenariat dans le cadre des 5+5 sous un libellé d'ensemble », notamment en ce qui concerne « la migration, l'intégration économique, les questions de sécurité, le terrorisme et l'examen des possibilités de contribution collective » pour, dira-t-il, « faire du dixième anniversaire du processus de Barcelone un moment de revitalisation et d'approfondissement de la coopération euro-méditerranéenne ». Abdelaziz Belkhadem annoncera d'emblée que « la Présidence algérienne ne soumettra pas, au terme de cette réunion, de déclaration finale ». Certains observateurs n'ont pas manqué de mettre en exergue les divergences ayant apparu lors des réunions des groupes de travail chargés de « déblayer le terrain avant cette rencontre des ministres des Affaires étrangères ». Il semble que la question des camps de transit - question revendiquée clairement par certains pays et murmurée à demi-mot par d'autres - ait constitué un axe central des travaux. Certaines indiscrétions ont même fait état de l'occasion offerte au chef de la diplomatie libyenne d'annoncer, comme pour mieux brandir la menace d'un exode massif de clandestins vers le nord, qu'« actuellement pas moins de deux millions de clandestins se trouvent sur le territoire libyen ». Sur cette question, la partie algérienne soutient fermement que « la problématique de la migration nécessite un traitement global, intégré et équilibré, incluant aussi bien les questions de circulation des personnes, de lutte contre la migration clandestine, de protection des droits et de la dignité des communautés légalement établies, de lutte contre le racisme et la xénophobie, mais aussi les questions économiques et de développement ». En fin de compte, pour l'Algérie, le problème de l'immigration est « la conséquence directe de l'écart de développement qui sépare les deux rives de la Méditerranée d'où l'erreur, selon toujours la partie algérienne, de fonder la stratégie de gestion des flux migratoires sur une approche strictement sécuritaire ». Dans ce contexte, il a été décidé « la mise en place d'un groupe de suivi de haut niveau dont la coordination reviendrait à l'Algérie en sa qualité de présidente en exercice ». Sur le volet de la lutte antiterroriste, il a été préconisé une harmonisation des législations pour « traquer ensemble les organisations terroristes, réprimer leurs sources de financement, échanger les renseignements entre services de sécurité, reconsidérer la politique d'asile qui profite à des terroristes notoires et enfin l'entraide au plan de l'expertise et l'acquisition des équipements de lutte antiterroriste ». Les volets relatifs à la criminalité transnationale organisée, au trafic d'armes et de stupéfiants et au blanchiment d'argent ont été également abordés, mais sans autre précision sur l'ampleur des débats ni des résultats obtenus, encore moins d'un hypothétique consensus tant les questions revêtent un caractère vital pour certains participants. Divergences politiques Cela dit, le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos, a quitté la réunion quelques minutes seulement après le début des travaux car, nous fait-on savoir, il a pris par des engagements relatifs à la visite du président égyptien, Hosni Moubarek, en Espagne. Outre la question des camps de transit à laquelle l'Algérie a réaffirmé sa ferme opposition, l'ordre du jour de cette rencontre a porté sur les thèmes de politique au Proche-Orient, l'Irak et la situation en Méditerranée occidentale, notamment la lutte contre le terrorisme, l'intégration maghrébine et les relations économiques en Méditerranée occidentale, l'évaluation d'ensemble du processus de Barcelone à la veille de la célébration du 10e anniversaire de son lancement. D'ailleurs, à ce propos, le chef de la diplomatie algérienne, en sa qualité de président de la rencontre, lors d'un point de presse organisé, dira : « Le processus de Barcelone est généreux dans ses objectifs, mais maigres dans ses résultats. » Selon Abdelaziz Belkhadem, « ce processus bute sur les divergences politiques qui existent entres les pays de la rive nord et ceux de la rive sud de la Méditerranée, entre autres la question de la guerre arabo-israélienne, mais aussi sur les mécanismes de financement mis en place, à l'instar des financements des mécanismes du programme MEDA, dont la mise en place est longue et les études confiées à des experts occidentaux loin des réalités locales ». Toujours dans ce contexte, Belkhadem a confié, lors de la conférence de presse, qu'il a interpellé Michel Barnier en sa qualité d'ancien délégué à la Commission européenne chargé de l'agriculture de faire bénéficier l'Algérie des fonds structurels d'aide au développement à l'instar, dira-t-il, du Portugal, de l'Espagne et de la Grèce avant leur adhésion à l'Union européenne (UE).A une question relative à la « valse-hésitation » de l'Algérie à faire, franchement et définitivement, partie de la francophonie, dont les travaux du 10e sommet se tiendront les 26 et 27 novembre à Ouagadougou (Burkina Faso), et auxquels le président de la République prendra part, le ministre des Affaires étrangères se contentera de répliquer : « L'Algérie y participera. » En tout état de cause, outre le discours diplomatique usuel, empreint, il faut le reconnaître, de beaucoup de tact et de doigté, et de l'avis de nombreux observateurs, la rencontre d'Oran est un gigantesque flop tant les résultats, du moins annoncés officiellement, sont, semble-t-il, revus à la baisse.