A la question «la France est-elle islamophobe ?», l'islamologue Ghaleb Bencheikh répond : «S'il ne s'agit que d'une peur irraisonnée, maladive et pathologique de l'Islam (ce que signifie étymologiquement ‘‘islamophobie''), il faut trouver les moyens de guérir ceux qui en sont malades et compatir à leur état. Mais je crains qu'il ne s'agisse d'une haine et d'une hostilité revendiquée comme telle et assumée...». «Elle se nourrit d'une focalisation médiatique avec un effet de zoom exclusif sur le vil, l'abject et le négatif, depuis le terrorisme ignominieux jusqu'au comportement archaïque de ces filles voilées intégralement…» «Je voudrais rappeler qu'être musulman c'est aussi être héritier d'une grande civilisation impériale dont l'Alcazar, l'Alhambra, Topkapi et le Taj Mahal défient l'éternité». Et «il est vrai que les musulmans de France portent les stigmates d'un ‘‘Islam bashing'' incessant». Mais ils «veulent vivre dans la dignité sous la voûte commune de la laïcité et éprouver simplement leur citoyenneté d'une façon apaisée, harmonisée et banalisée». Et sur le voile : «même si, pour le voile, je vois un télescopage entre deux principes, celui de liberté et celui d'émancipation des femmes, je trancherai, en affirmant que la dignité des femmes n'est pas recouvrée par un voile qui la recouvre. L'honneur et la pudeur ne se symbolisent pas par le voile. On ne médiatise pas sa spiritualité via un tissu. Le meilleur des voiles, c'est l'éducation et l'instruction.»