L'expulsion de Leonarda est «réglementaire et conforme à la loi». Ainsi a déclaré François Hollande, hier, dans une brève allocution télévisée. Paris (France) De notre bureau Le président français a repris de larges extraits du rapport de l'Inspection générale du ministère de l'Intérieur qui lui a été remis hier matin par Manuel Valls. Ce rapport, tout en critiquant le manque de discernement dont a fait preuve la police en allant interpeller la jeune Kossovare à la sortie de son école, a conclu néanmoins que son expulsion était réglementaire et conforme aux lois de la République. Détaillant les circonstances de l'arrestation de la jeune collégienne, le rapport a mis en évidence certains mensonges et manquements dont se serait rendue coupable la famille de Leonarda, en particulier le père. Il a également rappelé que cette famille kosovare était allée au bout de la procédure de demande d'asile et épuisé tous les recours liés à cette demande. Désireux de clore la polémique qui envenime la classe politique française depuis plus d'une semaine et apaiser la colère des lycéens, François Hollande a également fait savoir que Leonarda pouvait revenir, seule, continuer ses études en France si elle en faisait la demande. «Le Président n'a pas de cœur» Aussi, il a promis de revoir la politique du droit d'asile en France et de rendre plus claire la loi sur l'immigration. «La force de la loi, c'est d'avoir une loi sur l'immigration claire», a répété le président français qui a fait savoir au passage qu'«une loi sera prochainement votée pour prohiber toute arrestation policière dans les établissements scolaires français ou aux alentours». Par ailleurs, depuis l'Albanie, la jeune Leonarda a indiqué qu'elle refusait la proposition qui lui a été faite par le président français : «Je n'irai pas seule en France. Je n'abandonnerai pas ma famille. Je ne suis pas la seule à devoir aller à l'école, il y a aussi mes frères et mes sœurs.» Et d'ajouter : «Le Président n'a pas de cœur, il n'a pas du tout compris la situation. Il a dit cela au hasard, il n'a pas regardé le dossier.» Et d'enchaîner : «Je ne veux pas d'une famille d'accueil, je ne sais pas où elle sera, je ne veux pas être loin de tout, loin de mon école, loin de mon petit ami et loin de mon professeur.» Et de prédire la poursuite de la mobilisation lycéenne en sa faveur qui sera «une catastrophe pour la France». 65% des Français contre le retour de Leonarda Empressé d'exprimer sa stupéfaction, le père de Leonarda, Resat Dibrani, a promis de poursuivre le combat : «Nous ne baissons pas les bras et continuons le combat.» Il a jugé «incroyable» la décision d'expulser sa famille. «Cela veut dire que la police a décidé toute seule que ce qu'elle a fait, c'était bien. Mais elle s'est basée sur des faux documents, établis par des diplomates kosovars corrompus, qui disent qu'on est tous Kosovars !» Et de continuer à l'adresse d'une journaliste française : «Vous, vous êtes Française. Eh bien, si on vous expulsait d'Afrique sur la base de faux documents qui disent que vous êtes Africaine, vous protesteriez ! C'est n'importe quoi la France maintenant !» Critiqué par l'extrême gauche et les associations des droits de l'homme, Manuel Valls a écourté son séjour aux Antilles. Il est rentré hier matin à Paris pour présenter le rapport de l'inspection générale à François Hollande. Il espère que ce rapport mettra fin à la polémique et arrêtera les manifestations estudiantines. Enfin, un sondage BVA pour Le Parisien réalisé hier a montré que 65% des Français sont contre le retour de Leonarda en France, tandis que 46% se sont dits choqués par les conditions de son interpellation.