A six mois de ce rendez-vous, certaines formations politiques et des personnalités tentent «vainement» de tracer les contours de ce futur scrutin. Trois mois et demi seulement nous séparent de la convocation du corps électoral, mais les contours de l'élection présidentielle de 2014 demeurent totalement flous. C'est en février 2014 que le président de la République devrait signer le décret présidentiel portant convocation du corps électoral en prévision de la tenue de l'élection présidentielle d'avril 2014. Selon l'article 132 du code électoral, «les élections présidentielles ont lieu dans les trente jours qui précèdent l'expiration du mandat du président de la République». Plus explicite, l'article 133 stipule que «le décret présidentiel portant convocation du corps électoral doit intervenir au plus tard dans les 15 jours suivant l'acte de déclaration de vacance définitive de la présidence de la République». L'on s'approche à grands pas de cette joute électorale, mais sur le terrain il n'y a point de prémices de la tenue d'une telle échéance. A six mois de ce rendez-vous, c'est le flou total, même si certaines formations politiques et des personnalités tentent «vainement» de tracer les contours de ce futur scrutin. Pourtant, nul n'ignore combien une élection présidentielle est importante dans la vie d'une nation. Sa préparation nécessite du temps, des moyens et du sérieux. Sous d'autres cieux, l'on prépare d'ores et déjà la présidentielle de 2017. L'exception algérienne, c'est le manque total de transparence. D'aucuns pensent que le pouvoir ne veut pas de cette élection et essaye par tous les moyens de la retarder. Un prolongement du mandat du président Bouteflika, tel que susurré ici et là ? Contacté, Atmane Mazouz, chargé de communication au RCD, tout en fustigeant le pouvoir, se dit convaincu que si la classe politique, aujourd'hui dans sa majorité, est dans l'expectative, c'est que le message délivré par le pouvoir est clair : les conditions d'une succession régulière, saine et ouverte ne sont pas réunies. «Avec un système fermé à l'alternance et loin de tout fonctionnement démocratique, toute compétition loyale est impossible, d'où cette méfiance légitime des véritables acteurs politiques crédibles», note notre interlocuteur. A son avis, l'écrasante majorité des Algériens pensent que sans le respect du minimum des standards de transparence en matière d'organisation et de contrôle des élections, la succession ne profitera qu'aux «intendants du système et ses clans». «Pour nous il est incontestable, dans ce climat de brume générale couplé d'une mise sous scellés des espaces d'expression pour les forces démocratiques autonomes, que le viol de la volonté populaire soit inéluctable», explique A. Mazouz. Soufiane Djiliali, président de Jil Jadid, avance pour sa part deux explications. Le pouvoir actuel ne veut pas clarifier la situation et a jeté le trouble en maintenant le suspense quant à la révision de la Constitution. «Normalement, on devrait être en précampagne, mais le pouvoir a fermé le jeu en maintenant le suspense sur le quatrième mandat et sur la révision de la Constitution», tranche M. Djilali qui regrette, en outre, l'éparpillement de l'opposition : «L'opposition ne veut pas prendre ses responsabilités. J'aurais aimé voir plusieurs candidats sur le terrain pour sensibiliser la population et ne pas laisser le terrain libre à M. Sellal.» M. Rebaine, porte-parole de Ahd 54, n'y va pas, quant à lui, par quatre chemins pour asséner que «tout le monde est suspendu non pas à la décision du président Bouteflika, mais plutôt au choix de l'armée». «La seule inconnue, a-t-il précisé, est le candidat de l'armée. Certains partis politiques et personnalités ne cherchent pas la volonté populaire ou le soutien du peuple, mais veulent le soutien de l'armée.» Un responsable du FLN proche du secrétaire général Amar Saadani, qui a accepté de répondre à nos questions sous le couvert de l'anonymat, a affirmé : «Il n'est pas besoin de battre le tambour pour montrer au monde entier que l'Algérie prépare une élection présidentielle.» Tandis que du côté du RND, un parti au pouvoir aussi, mais qui a la particularité d'être sans secrétaire général depuis l'éviction de l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, on semble garder les yeux grands ouverts sur cette prochaine consultation, même s'il affiche un silence fort remarqué. «Nous sommes en période d'observation», assure un proche du premier cercle de décision au sein de cette formation.