En marge de la 6e conférence panafricaine de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le docteur Mohamed-Salah Badouna, président du Croissant-Rouge algérien, s'est dit satisfait de la rencontre. Il parle des différents thèmes abordés lors de la conférence. Votre première impression sur la conférence panafricaine... Je suis très satisfait de la participation massive de l'ensemble des pays africains, mais également des sociétés nationales, européennes, américaines et arabes. Cela prouve que les problèmes de maladies et de pauvreté débordent les frontières africaines. Et plus nous serons nombreux à en discuter, plus vite nous trouverons des solutions. En quoi trouvez-vous que la participation européenne ou américaine pourrait être enrichissante ? Il y a une réalité : ces sociétés sont plus avancées. Mais l'objectif de la rencontre vise à renforcer la capacité d'opération des sociétés nationales en cas de catastrophe, par exemple. Parfois, nous disposons d'un budget, mais pas de la technologie ou du savoir-faire. Nous avons pu bénéficier d'aide de la Croix-Rouge française lors des événements de Bab El Oued. L'eau et la boue sont des adversaires connus par eux. Nous leur avons dépêché une équipe de la Protection civile lors de leur incendie de forêts. Alors pourquoi rechercher un partenariat Sud-Sud ? Parce que les pays africains prennent conscience qu'il faut d'abord compter sur soi. Les sociétés nationales humanitaires, avant d'être complètement autonomes, peuvent dans un premier temps apprendre à se constituer en force continentale. Cela rentre en ligne directe avec le NEPAD. Il est souvent reproché au Croissant-Rouge algérien, qui est né lors de la guerre de Libération, de son absence durant la décennie noire... Les deux événements ne sont pas comparables. Lors de la guerre de Libération, le Croissant-Rouge algérien devait porter aide et assistance au peuple algérien. Il s'agissait également de libérer les prisonniers. Nous avons également été victimes de la décennie noire. On subissait autant que le peuple algérien. On s'est impliqués lors de cette tragédie et sans distinction de la victime. Il fallait rester fidèle aux principes régissant nos statuts. L'un des fléaux abordés durant la conférence panafricaine est le sida. Le nombre de séropositifs ou de personnes ayant déclaré la maladie reste un chiffre tabou. Peut-être le connaissez-vous... Dans certains pays, 60% de la population ont contracté le virus. Une femme du Liberia proposait un mécanisme qui impose aux militaires qui propagent la maladie d'être testés. Le Rwanda est menacé de disparition par ce fléau. Mais connaissez-vous le nombre de séropositifs ? Je ne suis pas habilité à le donner, mais Dieu merci, nous avons un taux des plus bas. Le Pr Abdernour parle de 1000 séropositifs sur le territoire national et environ 300 à 400 personnes ayant déclaré la maladie. Que préconisez-vous pour endiguer ce phénomène ? Tout se situe au niveau de la prévention. Certains spécialistes évoquent la réouverture des maisons closes. Ils précisent qu'il est plus aisé d'activer et d'agir lorsqu'on connaît les lieux où risquent de se propager les maladies sexuellement transmissibles. Etes-vous de leur avis ? Il faut avoir le courage de le dire, et cela ne relève pas de mes compétences au sein du Croissant-Rouge. Mais nous avons fait d'énormes progrès. Il fut un temps, pas si lointain, où personne n'osait parler de préservatifs. Aujourd'hui, on les expose sur des stands. Les mentalités ont évolué et la population algérienne est alertée. Le Croissant-Rouge algérien peut-il garantir son indépendance par rapport à l'Etat ? Selon nos statuts, le Croissant-Rouge algérien est un auxiliaire des pouvoirs publics, mais ce n'est pas un démembrement. Nous sommes comptables devant les donateurs et devant la fédération. La pauvreté qui gagne du terrain et des familles démunies, que pensez-vous des propositions concernant le code de la famille ? Il est vrai que nous avons côtoyé des femmes et des enfants jetés à la rue, mais je ne suis pas informé du dossier. A mon sens, les propositions doivent être conformes à l'esprit de la famille algérienne et à l'Islam, religion d'Etat.