Combattant de la première heure et l'un des principaux leaders de la Révolution algérienne, Krim Belkacem a été assassiné le 18 octobre 1970 en Allemagne dans des conditions non encore élucidées. La tombe de Krim Belkacem, dans le carré des martyrs à El Alia (Alger), a été fleurie vendredi dernier par des dizaines de moudjahidines, parmi eux certains de ses anciens compagnons d'armes dans les maquis et plus tard dans l'opposition au régime de Ben Bella en été 1962, ainsi que par des membres de sa famille, venus s'y recueillir à sa mémoire en commémoration du 43e anniversaire de son assassinat à Francfort (ex Allemagne fédérale) le 18 octobre 1970. Ces moudjahidines sont venus notamment de Tizi Ouzou, d'Aït Yahia Moussa, localité natale du martyr, de Draâ Ben Khedda, de Tadmaït, ainsi que de la capitale, Alger. Après le dépôt de couronnes et de bouquets de fleurs devant la tombe du «Lion des djebels», comme l'appelaient les officiers de l'armée coloniale française durant la guerre d'indépendance, les anciens maquisards, dont le président de l'association de wilaya de Tizi Ouzou des grands invalides de guerre, Ramdane Sana, des membres de son ancien Mouvement démocratique pour le renouveau algérien (MDRA), Brahim Ould-Mohamed et Djouab Abdelmadjid, le fils du regretté Slimane Amirat, ancien compagnon et co-fondateur avec Belkacem Krim du MDRA, ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont observé une minute de silence à la mémoire du négociateur et signataire des Accords d'Evian, en Suisse, le 18 mars 1962. Brahim Ould-Mohamed, un de ses compagnons et militant du MDRA, condamné par la «Cour révolutionnaire» d'Oran et emprisonné pendant 5 ans au lendemain de la création de ce parti d'opposition en 1967-1968, dira que «ce maquisard de la première heure, qui a sillonné toute l'Algérie du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest, porte en vérité trois noms : «Krim Belkacem», «La Révolution» et «l'Indépendance». Ses compagnons le savent, comme tous les autres d'ailleurs, que c'était lui, durant la lutte armée, qui avait organisé toutes les wilayas du pays, en collaboration avec des hommes intimes, de confiance, issus non seulement de la Kabylie mais aussi de diverses autres régions du pays, à l'image de Ben Boulaïd qui lui exprimait son «total dévouement dans la conduite de la révolution». Au lancement du MDRA, beaucoup de gens qui avaient promis de marcher et se disaient être bras droit de Krim, l'ont par la suite trahi après avoir acquis un nom grâce à Krim», s'indigne M. Ould Mohamed. Selon ce militant, qui a connu les prisons de Canastel à Oran, puis d'El Harrach, à Alger, et de Lambèse, à Batna, après avoir été condamné par la «Cour révolutionnaire», instituée par Boumediene, se demande «pourquoi le pouvoir d'alors, s'il n'était pas derrière l'assassinat de Krim, il n'a jamais osé déclencher une enquête avec les services de la police allemande pour débusquer les assassins d'un héros comme Krim Belkacem ?». Brahim Ould-Mohamed, comme Djouab Abdelmadjid, nous rappelleront à propos du déclenchement de la révolution, que la «rencontre décisive» pour l'insurrection, avait été tenue, fin août 1954, au 12, rue du Chêne (basse Casbah d'Alger), par deux groupes de 5 militants nationalistes chacun, l'un composé de Mohamed Boudiaf, Mourad Didouche, Mostefa Benboulaïd, Larbi Ben M'hidi et Rabah Bitat, alors que le second comprenait Krim Belkacem, Amar Oumrane, Mohamed Zamoum (dit Si Salah), Saïd Babouche et Mohamed Hamouche (dit Moh-Touil). Cet ultime rendez-vous avait été organisé par Si El-Hadi Ould Mohammed dans son propre magasin commercial, avec Naït Merzoug Abderrahmane, détenteur lui aussi d'un autre commerce à la rue Médée (Casbah). C'était cette rencontre, qualifiée de «capitale», qui avait donné lieu au 1er Novembre 1954, nous dira encore l'ancien compagnon de Krim Belkacem.