A chaque retour il y a toujours cette émotion qui m'étreint. Les Aurès me donnent l'impression que les montagnes se déplacent. Qu'elles changent de place comme pour contredire le proverbe algérien qui dit que les montagnes ne se rencontrent pas. Aussi, cette odeur du pays natal qui n'est en fait que l'odeur (les odeurs ?) de l'enfance qui remonte(nt) du fin fond de la mémoire m'envahit(ssent) me donne(nt) le vertige. J'ai passé peu de temps dans les Aurès où je suis né, mais j'y passais toutes mes vacances d'été. L'été est poignant ! A cause de cette réminiscence comme née avant ma propre naissance. Sorte de boue marron qui déferle des cimes et s'installe dans le camps. Villes aurésiennes souvent dégradées par les constructions sauvages, mais qui gardent, dans les centre-villes toutes les traces visibles et invisibles des différentes civilisations qui ont traversé le pays. Y ont laissé, aussi, leur grabuge. Résonances qui tintent lorsque çà et là, sur la route entre Constantine et Khenchela, puis entre Khenchela et El Eulma. Avec ce tombeau réplique parfaite, voire sosie du tombeau de la Chrétienne de Tipaza. Tombeau romain, arrondi, majestueux et dont les origines sont floues. Avec pour chacun sa version des choses, de la mythologie, voire de la mythomanie. Et puis Aïn Beïda, Sigus au nom resté romain, Khenchela avec sa toute nouvelle université à l'architecture harmonieuse, spacieuse où les 8000 étudiants ont un air de sérénité et de calme. Si loin des grandes villes et de leur tohu-bohu. Où même les profs sont sympathiques. A Khenchela toujours, cette maison de la culture. Enorme mais harmonieuse. Pleine d'activités, d'ateliers, de bibliothèques, de salles de musique où les enfants ont l'air d'être la majorité. Avec une directrice ! Une femme qui tient sa maison avec une passion contagieuse et une ardeur qui s'oppose au côté blasé des grandes villes... Retour au pays natal. Sublimé certainement. Mystifié sûrement. Mais où les rides du temps et les blessures des promoteurs sont regardées par une nature généreuse et une culture traditionnelle qui résiste à l'invasion du mauvais goût et à la civilisation du toc et du plastique. Retour au pays natal ! Un bain de jouvence ? Une passion exaspérée ? Une exagération vitale ? Certainement.