Un véritable arsenal de guerre a été découvert par les forces de l'ANP à 200 km du site gazier de Tiguentourine. L'alerte est maintenue sur la frontière algéro-libyenne, où les autorités viennent de dépêcher un renfort de 1500 hommes. Depuis quelques jours, c'est le branle-bas de combat à l'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). Les troubles sécuritaires que connaissent actuellement la Libye et la Tunisie accentuent la pression sur la région frontalière qu'est le grand Sud-Est algérien, poussant l'état-major à déployer un renfort supplémentaire de quelque 1500 militaires et gendarmes le long du tracé frontalier, notamment avec la Libye. Ils appuieront les 20 000 autres déjà mobilisés aux frontières est et sud-est. C'est ce qu'a révélé, hier, une source militaire à El Watan. Après le refus de l'ANP de coopérer avec les milices issues des tribus touareg et de Zentan qui écument l'autre côté de la frontière avec l'Algérie suite au retrait de l'armée régulière libyenne vers Tripoli et Benghazi, cet important renfort a été installé tout le long de cette région. Les ratissages réguliers des forces sécuritaires ont permis la découverte d'une importante cache d'armes, une information rapportée jeudi par Reuters faisant état de la saisie d'un véritable arsenal militaire composé d'une centaine de missiles sol/air, de 500 Manpad (Man-portable air-defense system) et autres lance-roquettes RPG et grenades, à 200 km du site gazier de Tiguentourine. «Depuis le début du chaos en Libye, les découvertes de caches d'armes sont nombreuses dans cette région. Ce n'est pas une première depuis la chute du colonel Mouammar El Gueddafi, la présence de 500 Manpad parmi ce lot suscite une sérieuse inquiétude car cette arme peut causer des dégâts sur les avions et les hélicoptères si elle est utilisée par les terroristes», estime notre source. Et d'expliquer : «Elle peut atteindre des avions volant de 3500 à 4000 m d'altitude. Une menace à prendre en compte pour les avions en décollage ou atterrissage dans les aéroports de la région, notamment celui de Zarzaitine à In Amenas.» «transaction secrete» A la question relative à l'origine de cet arsenal, le militaire répond qu'«il est introduit vraisemblablement depuis la Libye», confirmant néanmoins que «jusqu'à 2010, il n'y a aucune trace de vente de ce système Manpad à la Libye dans le registre des transferts d'armes des Nations unies. Paradoxalement, en 2012, des équipes d'experts militaires français, britanniques et américains en avaient découvert et sécurisé environ 5000 unités et leurs composants. Leur présence en Libye s'explique uniquement par une transaction clandestine». Inquiétudes également sur le plan économique ; le site gazier de Tiguentourine attend avec impatience le retour, dans quelques semaines, des expatriés anglais de British Petroleum (BP) et norvégiens de Statoil, en joint-venture avec Sonatrach. Si BP n'a pas écarté son retour sur les lieux, Statoil reste réticente après les conclusions d'un rapport sur la situation sécuritaire dans ce site, dont le chef des enquêteurs est Torgeir Hagen, un général à la retraite qui avait occupé le poste de chef du service de renseignement norvégien de 2002 à 2010. «Aucune force militaire ni autre ne peut garantir une protection complète contre des terroristes déterminés sur une zone de la taille du Luxembourg située près d'une frontière poreuse séparant l'Algérie et la Libye. Mais il y a lieu de s'interroger sur la sécurité des lieux, qui reste tributaire de la protection militaire algérienne», conclut ce rapport. Sur le plan pratique, ce défi sécuritaire est tellement important qu'il a poussé l'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) à prolonger l'état d'alerte au niveau des frontières sud-est que partagent avec l'Algérie la Tunisie et la Libye. Le même degré d'inquiétude est également constaté dans les différentes wilayas de l'extrême Est qui sont alignées sur le tracé frontalier avec la Tunisie. «Des réunions de conseil de sécurité des wilayas d'El Tarf, Souk Ahras, Tébessa et d'El Oued, implantées sur le tracé frontalier avec la Tunisie, sont tenues quotidiennement pour s'enquérir en temps réel de la situation sécuritaire qui y prévaut, dont les PV sont transmis en temps réels aux ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur. Par réciprocité, une copie pour information est transmise également aux autorités tunisiennes», révèlent des sources sécuritaires sur place. Sur le terrain, l'important dispositif sécuritaire au niveau des frontières est, qu'assurent les unités des garde-frontières (GGF), supplée au manque de moyens militaires déployés du côté tunisien. «Six hélicoptères type Augusta ratissent quotidiennement le tracé frontalier de 965 km entre l'Algérie et la Tunisie, tout autant que les véhicules tout-terrain des GGF. Les Douanes algériennes et la Police aux frontières (PAF) sont également en alerte», assurent les mêmes sources.