Le sud de la Libye constitue une préoccupation majeure pour les forces de sécurité Les derniers rapports établis par les services de renseignements classent ce pays comme l'un des plus dangereux en plus d'être un grand marché d'armes à ciel ouvert. La guerre civile bat son plein en Libye, dans un contexte gravissime où le trafic d'armes est devenu monnaie courante dans un espace miné ayant provoqué comme le rapportent, plusieurs organes de presse, le départ de centaines de réfugiés, 200 d'après un quotidien national arabophone, vers l'Algérie en empruntant le poste frontalier de Debdeb. Les derniers rapports établis par les services de renseignements classent ce pays, notamment quand il s'agit de sa région Sud, comme l'un des plus dangereux en plus d'être un grand marché d'armes à ciel ouvert. Un trafic qui alimente, selon des sources bien informées, les groupes terroristes de l'ASL et Djabhat Al Nosra en Syrie. Comme nous l'avons rapporté dans nos précédentes éditions, près de 5 milliards de dollars d'armes circulent dans la nature. Cet arsenal est destiné à l'Algérie via la Tunisie. Cette dernière a d'ailleurs été avertie pour prendre ses dispositions et coordonner ses renseignements avec l'Algérie, qui a toujours pris les initiatives pour prévenir la menace. Devenu une base arrière des groupes terroristes de la nébuleuse Al Qaîda au Maghreb islamique, récemment renforcés par le retour de milliers de mercenaires du Mali après l'élection présidentielle, le sud de la Libye constitue une préoccupation majeure pour les forces de sécurité qui affrontent en plus, les groupes de la contrebande, sur un tracé de 1000 km. C'est dire qu'avec toutes les technologies et les moyens dont disposeraient les puissances mondiales, il est impossible de contrôler cette distance. Néanmoins, les résultats probants sont là, grâce à une coopération étroite entre les GGF, les Unités spéciales dépêchées en la circonstance sans oublier le rôle majeur des services de la douane. Plus de 40.000 soldats sont mobilisés, auxquels il faut ajouter 3000 autres de réserve. Ce chiffre a été revu à la hausse depuis l'attaque contre le site gazier de Tiguentourine par les mercenaires de MBM, tous neutralisés suite à un assaut d'un groupe d'intervention spécial. Le dispositif sécuritaire entrepris par le commandement de l'état-major ne s'est pas limité uniquement à la mobilisation des gardes-frontières, des militaires et des douaniers mais s'est étendu au recrutement des «méharistes», des hommes de la région qui reçoivent un entraînement militaire connaissant bien le terrain saharien. Ceux-là usent de chameaux pour se déplacer. Les forces héliportées font également partie des mesures de sécurité, elles qui sillonnent toute la trajectoire frontalière. Les armes qui circulent dans le sud de la Libye, au Niger et au Mali, confient des sources bien informées, ne proviennent pas uniquement de l'arsenal puisé des casernes de la défunte armée d'Al Jamahiriya, mais un lot important destiné aux groupes terroristes provient des pétro-monarchies, dont une partie a été cédée aux insurgés libyens pour combattre celui qui a été leur président pendant 40 ans. Il y a de quoi inquiéter le système de sécurité de l'Algérie qui vient encore une fois de renforcer les mesures prises tout au long des frontières, notamment au niveau des points de contrôle avec une coordination entre ses éléments. Depuis les récents événements qui secouent ce pays, les forces héliportées survolent en continu des lieux qu'on appelle «passages secrets» difficiles à exploiter sans une assistance aérienne, pour détecter d'éventuels mouvements terroristes. Pour des stratèges avertis, ces groupes, pourraient trouver une aubaine dans ce bouillonnement et s'introduire sur le territoire algérien, ceux-là mêmes n'écartent pas une stratégie de diversion permettant aux mercenaires d'accomplir une transaction d'armes d'où d'ailleurs la mise en garde du commandement de l'état-major qui n'a pas tardé dans ces circonstances à réitérer des instructions à l'ensemble des commandements basés dans la wilaya d'Illizi, visant à sécuriser non seulement les frontières mais aussi, les bases pétrolières, en multipliant les patrouilles de surveillance et les barrages de sécurité dans plusieurs régions. Certaines zones sont particulièrement concernées par ces mesures: Debdeb, Taret, de Tinalkom jusqu'à l'intérieur de la ville d'Illizi. Les mêmes instructions ont été formulées aux forces combinées au niveau des frontières du Mali et du Niger. Si les choses sont difficiles pour l'Algérie, ce n'est guère par incompétence, ou par manquement au devoir, mais c'est principalement en l'absence d'un gouvernement libyen qui peine à redresser même relativement, la situation. «Le gouvernement libyen est toujours absent, il n'est jamais venu voir comment cela se passait aux frontières. Tout est ouvert. Nous nous organisons nous-mêmes, avec nos propres moyens», déclare à IPS, Ahmed Goudra, un responsable touareg de la sécurité de Gatroun, ville située entre Sebha et le Niger. Ce sont donc les chefs des tribus qui veillent à la sécurité au niveau des frontières au sud et au sud-ouest de la Libye. Le même organe de presse souligne que «les Toubous contrôlent la zone-est de la frontière du Soudan jusqu'à Toumou, poste-frontière avec le Niger; les Touareg s'occupent de l'Ouest, de Toumou à l'Algérie; et les Arabes supervisent Sebha, la capitale du Fezzan». Cela s'effectue sans coordination entre les acteurs comme le confirme Ahmed Billal, vice-commandant de la brigade Ténéré à Oubari, qui gère le poste-frontière d'Anaï près de l'Algérie, à IPS «je ne sais pas qui est responsable des zones qui entourent la mienne, même si ce sont des Touareg comme moi». A priori cette surveillance est très fragile, marquée par les rivalités tribales sanglantes. Les événements peuvent engendrer des conséquences négatives sur l'Algérie qui ne trouve pas d'écho à ses nombreuses alertes et doit faire face toute seule à ce phénomène grandissant.