Du poste frontalier Taleb El Arbi (wilaya d'El Oued) jusqu'à Tamanrasset, l'ANP a aligné, le long de la frontière sud-est, des milliers de conteneurs remplis de sable pour parer à toute infiltration extérieure de Tunisie et de Libye. La vigilance sur la frontière algéro-tunisienne est à son comble depuis le déclenchement de l'opération de ratissage dans le mont Chaâmbi, situé à 17 km au nord-ouest de Kasserine, pour traquer des groupes terroristes. D'autant plus que depuis mardi dernier des unités de l'armée des gouvernorats de Kef et de Jendouba, deux villes frontalières également avec l'Algérie, ont enclenché des opérations de ratissage pour débusquer des djihadistes réfugiés dans les montagnes de Garn El Halfaya, de Touiref et de Aïn Oum Heni. Le défi sécuritaire est tellement important, qu'il a poussé l'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) à prolonger l'état d'alerte au niveau des frontières sud-est que partagent avec l'Algérie, la Tunisie et la Libye, et à installer un véritable rempart sur le tracé. Ainsi, à partir du poste Taleb El Arbi, dans la wilaya d'El Oued jusqu'à Tamanrasset, des milliers de containers remplis de sable ont été alignés sur le tracé frontalier pour dissuader toute tentative d'infiltration de terroristes aux frontières algériennes. «Dans cette région, il n'y a pas de reliefs et la vue est tellement dégagée qu'on peut apercevoir, à l'aide de simples jumelles, les mouvements des services de sécurité à plusieurs dizaines de kilomètres. Nous avons fait appel alors aux Douanes algériennes et aux différentes directions des ports à l'effet de nous doter d'un maximum de containers vides et de toutes les dimensions. Remplis de sable et alignés tout le long du tracé frontalier, ils servent de rempart pour éviter aux terroristes une vision dégagée permettant d'épier les mouvements des patrouilles des services de sécurité. Ce système a été mis en place pour dissuader toute velléité terroriste ou criminelle et il semble pour l'heure donner des résultats», révèlent les mêmes sources sécuritaires. Ce procédé inédit, en plus d'assurer un minimum de couverture au mouvement des services de sécurité, dresse également un obstacle matériel notamment sur les voies d'accès traditionnelles des contrebandiers et des trafiquants d'armes. Le même degré de vigilance est également constaté dans les différentes wilayas de l'extrême Est qui sont alignées sur la frontière avec la Tunisie. «Des réunions de conseil de sécurité, présidées par les walis à El Tarf, Souk Ahras, Tébessa et El Oued, sont tenues quotidiennement pour s'enquérir en temps réel de la situation sécuritaire qui y prévaut, dont les PV sont transmis immédiatement aux ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur. Par réciprocité, une copie pour information est transmise également aux autorités tunisiennes», révèlent des sources sécuritaires sur place. Jeudi dernier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a confirmé en marge de la séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales sur les troubles que connaît la Tunisie au niveau de sa frontière avec l'Algérie : «Il existe une coordination sécuritaire basée sur l'échange d'informations entre l'Algérie et la Tunisie pour assurer la sécurité de leurs frontières communes.» Sur le terrain, le général Amar Bahlouli, commandant du 5e commandement régional de la Gendarmerie nationale, a inspecté cette semaine le dispositif sécuritaire mis en place au niveau des frontières Est qu'assurent également les unités des garde-frontières (GGF). «Parallèlement, six hélicoptères type Augusta ratissent quotidiennement le tracé frontalier de 965 km entre l'Algérie et la Tunisie, tout autant que les véhicules tout-terrain des GGF. Les Douanes algériennes et la Police aux frontières (PAF) sont également en alerte», rassurent les mêmes sources. Ces mesures de sécurité exceptionnelles ont, par ailleurs, étouffé le trafic des contrebandiers entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye. «Les mêmes itinéraires empruntés par les contrebandiers sont également utilisés par les terroristes. Le renforcement des actions des unités relevant du Commandement des gardes-frontières (CGF) pour préserver la sécurité des frontières terrestres a eu un effet certain sur l'activité de contrebande», a relevé une source de la Gendarmerie nationale.