Un système d'enseignement et de formation plus performant, en adéquation avec les besoins en emplois de l'économie nationale, doit être élaboré. La déconnexion du système de formation des réalités économiques du pays a été au centre des débats qui ont caractérisé les travaux de la seconde édition des Journées de l'entreprise algérienne, organisée par le Forum des chefs d'entreprises autour du thème : «L'emploi, la formation et l'employabilité». Les répercussions de cette déconnexion se traduisent par une augmentation du taux de chômage global équivalent à 21% en 2012 et notamment celui des jeunes diplômés qui sont 15,2% à ne pas accéder à un poste d'emploi, selon une évaluation présentée hier par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed Benmeradi. Alors que des milliers de jeunes formés restent sans emploi, les entreprises déplorent, pour leur part, le manque de postulants aux offres d'embauche formulées et l'impossibilité de couvrir leurs besoins en main-d'œuvre qualifiée. Selon M. Belmihoub, professeur d'économie institutionnelle et de management, «35% des offres d'emploi qualifié proposées par les entreprises ne sont pas pourvues». Une réalité décrite, hier, par tous les experts qui se sont relayés à la tribune, et confirmée par les représentants du gouvernement et des entrepreneurs. Les responsabilités ont cependant été difficiles à situer puisque les différents acteurs se sont renvoyé la balle. Formation et entreprises se tournent le dos En effet, si les solutions avancées par les uns et les autres en vue de rapprocher le système d'éducation et de formation professionnelle du monde du travail étaient quasiment identiques, il y avait comme un dialogue de sourds sur les causes de l'échec et l'infructuosité des tentatives de rapprochement entre le système de formation et les entreprises. A ce propos, les intervenants au nom des ministères de la Formation professionnelle et de l'Enseignement supérieur ont dressé un état des lieux des réformes entreprises pour modifier la carte de formation en fonction des besoins et établir des partenariats avec les acteurs économiques. Les deux intervenants ont cependant déploré que les chefs d'entreprise ne s'impliquent pas davantage dans l'établissement des nouvelles spécialisations de formation et ne collaborent pas plus étroitement afin d'aider à dégager des profils nécessaires au monde économique. Les entrepreneurs ont pour leur part ciblé la mauvaise qualité de l'enseignement général et universitaire ainsi que le manque d'ouverture du monde académique vers l'entreprise. Une réalité étayée par les experts, par exemple de M. Belmihoub qui a relevé, entre autres que «le système de formation algérien vit en autarcie et en rupture avec son environnement économique», soulignant que «les conseils scientifiques sont rares à inviter à leurs réunions de façon régulière des responsables de la production et de la recherche-développement des entreprises». La réciprocité est souvent vraie aussi, selon l'expert, qui relève que du côté du monde des affaires, «l'implication dans les processus d'évaluation des besoins et des qualifications est très faible». Il déplore également la non-implication des entreprises dans la prise en charge des stagiaires, en fin de formation universitaire notamment. Il est à noter que l'objectif du FCE, à travers le débat initié hier, est notamment de formuler une esquisse de quelques axes de travail en vue de l'élaboration d'un «livre blanc» pour un système d'enseignement et de formation plus performant, en adéquation avec les besoins en emplois de l'économie nationale.