Lors de son installation, le nouveau wali n'a pas caché sa déception quant au degré de dégradation que le cadre de vie a atteint dans la Coquette. Avec ses 12 communes, la wilaya de Annaba a bénéficié, depuis 2009, d'une enveloppe de 362 milliards de dinars soit 34 milliards de dinars de plus par rapport à la wilaya de Sétif qui, elle, compte 62 communes. Seuls 24% de ce budget ont été consommés par la wilaya que dirigeait Mohamed El Ghazi, son ex-wali. Ce chiffre a été avancé par le nouveau ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Tayeb Belaïz, en marge de l'installation de Mohamed Mounib Sandid, nouveau chef de l'exécutif. Un véritable pavé dans la mare des autorités locales de Annaba dont Belaïz n'a pas raté l'occasion pour les critiquer sévèrement. Abordant la qualité de vie et l'hygiène dans la wilaya, l'ex-président du conseil constitutionnel s'est dit choqué par le paysage lugubre et l'état de délabrement avancé dans lesquels baigne la wilaya, notamment le chef- lieu, en orientant un doigt accusateur vers le président de l'APC de Annaba, Farid Merabet. «Bien qu'elle soit appelée La coquette, je n'ai pas reconnu Annaba. Elle est actuellement dans un état lamentable», estime-t-il, en fixant longuement le P/APC, assis en face. Et si la majorité des cités sont dans le noir total une fois la nuit tombée, il ne reste pas moins que l'éclairage public s'arrête juste devant la résidence de ce maire, avons-nous constaté sur place. Dans son intervention, le nouveau wali n'a pas caché, par ailleurs, sa déception, déjà éprouvé auparavant, puisqu'il a déclaré qu'il a toujours choisi Annaba pour y passer ses vacances, et ce, depuis six ans. «Il faut que les choses changent et un coup de fouet semble être plus que nécessaire pour assurer un développement à la mesure des attentes des citoyens», a-t-il déclaré. Pour ce faire, une rupture totale avec l'ancien mode de gestion est incontournable. Les anciens cadres de la wilaya qui gravitent autour du cabinet et du bureau du wali sont qualifiés de principal mal qui ronge Annaba dont un ne s'est pas privé de partir en VIP à la Mecque à la faveur d'un voyage offert par un industriel ayant acquis un projet Calpiref. Ils se sont enrichis, dit-on, en profitant d'une déliquescence générale, encouragée par un ex-wali intéressé uniquement par les dossiers du Calpiref dont le directeur du protocole est l'agent spécial. Ce dernier contrôle tout. Une déclaration de patrimoine «familial» dans laquelle sont précisées les récentes acquisitions de terrains, de logements et des projets Calpiref fera plus d'un étonné dont le nouveau wali, Sandid. Connu pour ses accointances avec les autorités civiles et militaires, Tliba Baha-Eddine le député FND de Annaba n'a pas caché sa joie à l'annonce de l'arrivée de l'ex-wali d'El Oued. D'origine de Oued Souf, il a lié directement la mutation de ce dernier à une intervention de son puissant clan. Lui qui a également profité, entre autres, d'un projet Calpiref pour la réalisation d'une grande importante promotion immobilière. Cependant, l'assiette du terrain -une colline - abritant le projet n'est pas constructible puisque située à la limite d'un rond-point dont l'accès des futurs acquéreurs à El Mhaffeur la cité d'en face est impose de traverser la voie express. Telle une pilule, le dossier est passé et le permis de construire signé personnellement par l'ex-wali. Mais l'espoir fait vivre. Les nouvelles annonces du nouveau wali, entre autres, le lancement du projet du tramway, la révision de celui du tunnel devant relier le rond-point de la cité Pont-Blanc à El M'haffeur semblent être un coup de fouet qui secouera certainement le développement de la wilaya en léthargie depuis 2009. Ce sont là les mille et un maux desquels a toujours souffert Annaba dont aucun responsable n'a pu redorer le blason terni par eux-mêmes.