Ali Benflis, Soufiane Djilali, Ahmed Benbitour, il manquait une femme et quelques hirondelles d'El Mouradia pour assurer un peu de parité dans un monde à moustaches. Heureusement, Yasmina Khadra vient d'annoncer sa candidature à la présidentielle. Sauf que pour les connaisseurs, ce n'est pas une femme mais un homme, et pas n'importe lequel puisque c'est le directeur du Centre culturel algérien à Paris, un genre d'émigré d'Etat. Mais pour ceux qui connaissent la littérature, ce n'est pas qu'un directeur de maison de jeunes, c'est surtout l'écrivain algérien le plus lu et le plus traduit au monde. Alors, un président écrivain ? Pourquoi pas, dans l'Olympe des infortunes, à l'image du président écrivain tchèque Vaclav Havel, mais qui, à l'inverse de Khadra, a fait de la prison pour son opposition. Bonne idée quand même, Yasmina Khadra Président (et Mohamed Moulessehoul vice-Président), ça changerait des présidents qui n'ont pas été à l'école ou des présidents militaires, le jour devant des choses à la nuit. Sauf que, là aussi, Yasmina Khadra a une autre casquette, il est officier de l'ANP et les Algériens risquent de ne pas apprécier, après la dépréciation du dinar, d'avoir été gouvernés par des colonels (Boumediène et Chadli) et un général (Zeroual) pour finir par un commandant. Alors, à quoi rêvent les loups mégalos ? Yasmina Khadra a pour lui l'honnêteté, l'intelligence et le talent, mais cumule trop de fonctions : émigré, directeur de la culture, écrivain et militaire. Surtout, les Algériens n'aiment pas trop les intellos, préférant les hommes à poigne comme Llob, qui tire avant d'écrire. Posture et imposture des mots ? Yasmina Khadra nous apprend qu'il a été «le concepteur du plan de lutte antiterroriste dans l'Oranie». Tout va bien alors, les anges peuvent ne pas mourir de nos blessures. Reste l'élection. Yasmina Khadra a 7 millions de lecteurs. Mais combien d'électeurs ?