Le chanteur Libanais, célèbre par son engagement envers les justes causes, a renoué avec la ville du Vieux Rocher qu'il a tant aimée, ainsi que le public algérien qui ne l'a pas revu depuis plus de trente ans. Ils étaient vraiment chanceux, ceux qui ont trouvé, mercredi dernier, une place au théâtre régional de Constantine, pour assister au concert évènement de Marcel Khalifé. Une soirée que les organisateurs du 4ème festival international de l'Inchad ont voulue passionnante et pleine d'émotion et de chaleur. Pour preuve, le TRC a affiché complet une heure avant le début du spectacle. Il y avait même des gens venus des wilayas limitrophes. Un monde fou venu voir le chanteur Libanais engagé, dont la dernière présence à Constantine remonte à plus de 30 ans. «J'ai visité Constantine la veille du concert et je l'ai trouvée belle. C'est une ville qu'on aime facilement ; prenez soin d'elle», a-t-il lancé en direction du public. Barbe et cheveux blancs, avec sa légendaire kouffiyeh, accompagné de son inséparable oûd, Abou Rami n'a rien perdu de sa verve, en dépit de ses 63 ans, bouclés le 10 juin dernier. Durant près de deux heures, et devant une assistance attentive et enthousiasmée, Marcel Khalifé a chanté ses plus belles œuvres musicales, une dizaine en tout, inspirées des plus beaux poèmes de Samih El Kacim, mais surtout, en majorité de ceux de son ami le défunt poète Mahmoud Darwiche. «Beyni ou beynek», «Rita ouel boundoukia», chantée en hommage à l'Algérie combattante, «Marfouaâ El hama amchi», qui a enflammé le théâtre, «ahinou ila khoubzi oumi», «dajawaz essafer», et «bahria». En plus d'un «hommage musical», rendu à Che Guevara et à Djamila Bouhired, le public a eu droit aussi à deux de ses dernières productions, choisies de son dernier album «Soukout El Qamar» (la chute de la lune), qui compte 18 compositions tirées du dernier recueil de poèmes de Mahmoud Darwiche, paru quelques temps après sa disparition. La communion de l'assistance avec Marcel Khalifé a été tellement émotionnelle, que le chanteur a été rappelé avec insistance pour interpréter sa légendaire chanson «Mounadhiloune», et qu'un public des grands jours a chanté avec lui, d'une fort belle manière. Des moments marquants et inoubliables, qui ont rappelé aussi la belle époque des années de la résistance palestinienne. Une époque désormais très lointaine, dont on ne gardera que des souvenirs.