De violents combats entre milices rivales ont fait deux morts en plein centre de Tripoli, terrorisant les habitants de la capitale libyenne et illustrant une nouvelle fois le chaos qui règne dans le pays. Deux ans après la mort du dirigeant Mouammar El Gueddafi et la chute de son régime, les milices font la loi en Libye, où les autorités de transition peinent toujours à remettre sur pied l'armée et la police, et donc imposer leur autorité. Les combats ont eu lieu dans plusieurs quartiers du centre-ville suite à la mort du chef d'une milice. «Deux personnes ont été tuées et 29 autres ont été blessées. La plupart des blessés (...) ont quitté les hôpitaux», a indiqué un porte-parole du ministère de la Santé sous le couvert de l'anonymat. Les Tripolitains ont vécu dans la peur, entendant des coups de feu nourris et des tirs aux armes lourdes. Des balles perdues ont atterri dans plusieurs habitations. «C'était l'horreur hier soir. Une roquette a atterri dans la chambre à coucher de notre voisin. Heureusement que personne n'y était», a déclaré Khadija, qui faisait ses courses chez le boucher du quartier de Hay Al Andalous, près du centre-ville. Les affrontements ont eu lieu après la mort, jeudi, des suites de ses blessures, du chef d'une milice de Misrata (à l'est de Tripoli), Nourri Friwan, qui avait été blessé mardi soir à un barrage tenu par une brigade d'ex-rebelles de Soug Al Jomaa, un quartier situé dans l'est de la capitale. Le chaos continue Pour venger sa mort, des miliciens venus de Misrata à bord de véhicules équipés de canons antiaériens, se sont dirigés vers Soug Al Jomaa, fermant la route principale qui mène à ce quartier, selon des témoins. Des échanges de coups de feu et des explosions ont été entendus notamment entre 22h et 1h (20h et 23h GMT), autour de l'hôtel Radisson où résident plusieurs diplomates et hommes d'affaires étrangers. Des impacts de balle étaient visibles hier sur l'hôtel et des vitres ont volé en éclats. Toutefois, aucune victime n'est à déplorer, selon un responsable de l'établissement. Ces affrontements devraient aggraver l'exaspération des Tripolitains qui protestent régulièrement contre la présence de factions armées venues d'autres localités et qui avaient participé à la libération de Tripoli du régime gueddafiste, en août 2011, mais n'ont pas quitté la région. Les autorités de transition ont sommé à plusieurs reprises ces milices de quitter la capitale, en vain. «La situation devient de plus en plus critique», a averti un diplomate occidental. «Ce qui est inquiétant, c'est qu'il n'y a eu aucune réaction officielle. Les autorités se contentent jusqu'ici d'un rôle de spectateur, ce qui illustre leur faiblesse et leur incapacité à gérer le pays», a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat.