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Misrata «libérée» par les forces d'opposition, Ajdabiya sous les bombes de l'Otan Au lendemain de l'annonce par le régime de Kadhafi de son intention de se retirer de cette ville
Hier, d'intenses combats se sont déroulés à Misrata, dans l'ouest de la Libye, faisant au moins 25 morts, a indiqué un responsable de l'hôpital de la ville, qui était débordé par l'affluence des blessés, dont des soldats pro-Kadhafi. «Depuis 8h ce matin, nous avons dix morts et une cinquantaine de blessés, ce qui représente habituellement le bilan d'une journée complète. Nous sommes débordés, dépassés, nous manquons de tout : personnel, équipement et médicaments», a souligné le docteur Khalid Abou Salra, à l'hôpital Al Hikma. Dans la troisième ville de Libye, située à 200 km à l'est de Tripoli et théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre rébelles et loyalistes, on entendait hier des explosions et des coups de feu. Un énorme panache de fumée était visible à la mi-journée sans qu'on ne sache d'où il provenait. Quelques heures plus tard, un porte-parole des rebelles libyens, Gemal Salem, a annoncé hier que la ville portuaire de Misrata a été libérée. Cette annonce n'a pas pu être confirmée par une source indépendante, mais des soldats loyalistes capturés par les insurgés avaient indiqué hier matin qu'ils avaient reçu l'ordre de se retirer de la troisième ville de Libye. Un peu plus tôt, le gouvernement libyen avait indiqué son intention de s'effacer devant les organisations tribales pour négocier avec les insurgés. «Misrata est libre, les rebelles ont gagné. Certains soldats des forces de Kadhafi ont été tués et les autres sont en fuite», a dit Gemal Salem. Il a ajouté que les forces fidèles au guide libyen restaient aux abords de Misrata d'où elles pourraient reprendre leurs bombardements. On estime que le siège de cette ville de Tripolitaine devenue le symbole de la résistance aux forces de Mouammar Kadhafi s'est soldé par des centaines de morts parmi une population civile affamée. Gelam Salem a indiqué que l'objectif des insurgés de Misrata était désormais de se porter au secours des autres foyers de rébellion en Tripolitaine. Les rebelles, a-t-il précisé, passent actuellement au peigne fin Misrata et débarrassent les rues de leurs débris. Avant de partir, les forces du numéro un libyen, dit-il, ont dissimulé des charges explosives dans des corps, des véhicules et des habitations. La veille, un haut responsable du gouvernement libyen a fait savoir que l'armée allait abandonner la bataille pour Misrata pour laisser les tribus gérer la situation. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaim, a expliqué que les chefs de clans tribaux avaient lancé un ultimatum à l'armée, lui demandant de s'écarter si elle ne parvenait pas à reprendre le contrôle de Misrata. Il n'a pas dit quand l'armée se retirerait de Misrata ni quand les membres armés des clans y entreraient. «Nous allons laisser les tribus autour de Misrata et la population de Misrata gérer la situation à Misrata», a-t-il dit à la presse. Les chefs tribaux affronteront les insurgés si ces derniers ne se rendaient pas, a-t-il affirmé. Alors qu'on lui demandait si dans ce cas cela signifierait que les troupes se tiendraient à distance, il a répondu : «C'est comme cela que j'imagine que cela se passerait.» Mais il a souligné que les négociations entre l'armée et les responsables tribaux se poursuivaient. Si les clans tribaux devaient mener des combats à Misrata, cela risquerait de compliquer la tâche des drones Predator, envoyés en début de semaine par les Etats-Unis, pour participer aux frappes contre les forces pro-Kadhafi. Il serait en effet plus difficile de différencier civils et insurgés. Dans l'est du pays, un commandant de l'insurrection libyenne, le colonel Hamid Hassy, a rapporté de son côté que l'aviation de l'Otan avait détruit 26 véhicules transportant des forces pro-Kadhafi non loin de la ville disputée d'Ajdabiya. Mais peu de combats étaient signalés entre les forces fidèles au dirigeant libyen et celles de l'insurrection. Depuis des semaines, le front dans l'est est figé entre la ville pétrolière de Brega et celle d'Ajdabiya le long de la côte. Sur le front diplomatique, le sénateur américain, John McCain, a appelé les Etats-Unis et les autres puissances mondiales à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) mis en place par les rebelles libyens. Il a dit qu'il demandera à l'administration Obama d'accroître l'aide financière aux rebelles afin qu'ils puissent «en finir» et ôter le leader libyen Mouammar Kadhafi du pouvoir. Par ailleurs, le sénateur républicain a appelé les autorités américaines à transférer aux rebelles libyens les avoirs du gouvernement libyen gelés aux Etats-Unis.