Un permis de conduire en une journée.» Les autorités locales et «intermédiaires» (services de la wilaya, de la daïra, de l'APC) ont tous reçu des directives ministérielles afin de «faciliter» la vie des Algériens, perdus dans le maquis de la bureaucratie. Cette instruction ministérielle détaille «la réforme du service public» et s'articule sur trois axes : l'amélioration de l'accueil des citoyens, l'allégement et la simplification des procédures administratives ainsi que la réelle prise en charge des doléances des citoyens. «Il a par exemple été décidé la suppression de l'enquête de police pour l'obtention d'un passeport, ce qui aura pour effet appréciable, en plus d'une facilitation de la tâche pour les administrations, la réduction plus que significative de la durée d'attente pour les citoyens, tout comme a été éliminé l'acte de naissance du père», affirme Ali Rabah, directeur de la réglementation et des affaires générales (DRAG) d'El Bayadh. Le temps d'attente, qui peut actuellement atteindre plus d'un mois dans certaines daïras, sera, selon les prévisions, réduit à moins d'une semaine. Pour ce qui est du permis de conduire, du certificat de capacité, de la carte grise ou de la fiche de confirmation, ils devraient être délivrés dans la journée, recommande l'instruction. De même, en cas de perte ou de vol de documents d'immatriculation, il ne sera plus nécessaire de présenter un acte de naissance n°13 et une fiche de résidence. Pour renouveler une carte grise, il suffira de déposer une déclaration de perte et une copie de la carte nationale d'identité. Lors du décès du détenteur d'un véhicule, l'acte de décès ne sera plus demandé, il suffira de la fredha. De même, le formulaire de demande de carte de grise ne devra plus être légalisé. D'autres mesures ont été introduites dans ce qui a trait à l'état civil, telles le prolongement de la durée de validité du certificat de résidence qui passe de 3 à 6 mois, le remplacement des actes de naissance 12 et 13 dans l'ensemble des dossiers par une copie non légalisée du 12S. En sus, l'ensemble des cadres de ces administrations sont maintenant autorisés à légaliser les documents, ce qui aura pour effet la fluidification des services concernés et surtout la réduction du temps d'attente pour les citoyens. «Il y a une réduction des documents demandés et diverses modifications des dossiers à fournir. Toutefois, il est tout aussi impératif d'améliorer le facteur humain, notamment la qualité d'accueil par les employés des administrations», estime Abdelkader Benmessaoud, wali délégué de Sidi M'hamed. Et c'est d'ailleurs ce à quoi devront dorénavant veiller les présidents d'APC, qui ont été destinataires d'une instruction les enjoignant de «réhabiliter l'administration». «De rétablir et de faciliter la communication, en d'autres termes», souligne Abdelhakim Bettache, maire d'Alger-Centre. Absence d'imprimés de permis de conduire à Chlef Pourtant, loin des écrits, les principaux concernés sont loin de «voir la différence». «Cela fait 7 mois que je fais le tour des administrations pour renouveler mon permis de conduire», peste Omar, qui «fait la queue» à la daïra de Sidi M'hamed. Il tente d'expliquer son problème de transfert de certificat d'aptitude à M. Benmessaoud, tout fraîchement installé à son poste, en visite «inopinée» dans les administrations dont il a la charge. Et si les citoyens présents se sont prêtés avec bonne grâce à l'exposé de leurs problèmes, ils restent sceptiques. «La réforme du service public, on en a entendu parler. Mais on attend de la vivre !», s'exclame une cinquantenaire. Car entre réception de l'instruction, application et «ressenti des résultats», aucune date ni échéance n'ont été données. «Il faut attendre le temps que les choses se fassent», juge M. Benmessaoud. «Le ministre a annoncé cette réforme pour la fin du mois de novembre», rappelle Mohamed Laïd Khelfi, wali d'El Bayadh. «Tout dépendra de la ville et de l'organisation de la structure même», avance un autre cadre de l'Etat. Une réforme précipitée et non homogène ? D'autant plus qu'aucun responsable n'a mentionné la base juridique sur laquelle ces changements – salutaires – ont été décidés. «Les autorités ont commencé par ce qui pouvait être changé le plus facilement, dont la suppression ou la modification ne nécessitent pas de réelles aménagement des textes», croit savoir un cadre. D'ailleurs, d'autres «révolutions» suivront, affirme-t-on. «Il faudra attendre la révision des textes, lois et décrets, pour ce qui est, entre autres, de la loi sur l'état civil, les activités réglementaires ou encore l'organisation de l'administration locale», avance M. Rabah. Pour l'heure, les ambitions de réforme se heurtent à des «pépins» et autres défaillances techniques et humaines pour le moins absurdes. A Chlef, par exemple, quelque 42 000 personnes attendent, depuis plusieurs semaines, de réceptionner leur permis de conduire. La raison ? L'absence d'imprimés roses…