L'Administration, minée par une bureaucratie érigée sous le signe du document en triple exemplaire et de la copie conforme légalisée, fait sa mue, atteste-t-on en haut lieu. Réformes de l'Etat, rapprochement de l'Administration des citoyens, allègement des dossiers, raccourcissement du temps de leur traitement et de délivrance des différentes pièces administratives sont les principales décisions que les pouvoirs publics ont promis d'appliquer pour mettre fin au calvaire des citoyens. Il fallait «humaniser l'Administration», c'est dire ce qu'elle avait d'inhumain !Mais qu'en est-il réellement ? Comme pour une grande partie des décisions prises au sommet de l'Etat, dans leur cheminement vers le bas, là où elles doivent être appliquées, il y a de la déperdition, ou plus exactement du laxisme. Résultat : le citoyen est toujours confronté à des lenteurs, lourdeurs et complications qui transforment la moindre démarche en véritable parcours du combattant.Les exemples sont légion. Le dernier en date nous est donné par l'émission «Un pas dans la société» de la Chaîne III. Hier, le sujet était la lenteur exagérée pour la délivrance des cartes grises ; cela va d'un à six mois, voire plus dans certaines daïras. Un responsable invité de l'émission expliquera que c'est souvent dû à un manque de pièces dans les dossiers et/ou à un problème de traçabilité du véhicule. L'animateur demandera alors ce qu'il en est du fichier national promis et qui devrait lister tous les véhicules immatriculés en Algérie. Le responsable indiquera que le projet est à sa phase d'essai. Voilà une bonne nouvelle, mais pour les cartes grises uniquement.Cela n'explique pas pour autant la différence dans le temps que prend le traitement des dossiers d'une daïra à une autre, d'une APC à une autre. De plus, le problème ne concerne pas uniquement les cartes grises. Quelles explications logiques peut-on donner à un citoyen qui attend le renouvellement de son permis de conduire depuis sept mois ? Quelles explications logiques peut-on avancer en demandant à un citoyen de présenter un certificat de mariage pour la délivrance du fameux acte de naissance 12 S, parce qu'il est possible que les services d'état civil, où son mariage est enregistré, n'aient pas envoyé un document à la commune d'origine pour inscription sur l'acte de naissance de la mention «marié» ?Savoir que tous ces problèmes et d'autres encore peuvent aisément être levés par un simple agent ou un responsable faisant convenablement leur travail est sans doute plus rageant que l'attente et tous les désagréments induits par la moindre démarche administrative. Car si des APC, des daïras, des wilayas et d'autres administrations ont pu s'organiser, optimiser le rendement de leurs services et raccourcir le temps de traitement des dossiers grâce à une exploitation efficiente de l'outil informatique, qu'est-ce qui empêche les autres d'en faire autant pour que les Algériens ne voient plus en leur Administration ce labyrinthe qui ferait pâlir de jalousie Dédale ? H. G.