Les chercheurs des quatre coins du pays se sont réunis en séminaire, avant-hier, 11 novembre 2013, au Centre de développement des technologies avancées de Baba Hassen, à Alger. Durant deux jours, les délégations des différents centres de recherche algériens ont débattu de la possibilité de création de consortiums de laboratoires mixtes pour identifier et initier des projets de recherche fédérateurs «inter-centres-industrie». Cette démarche vise à aboutir à une recherche «utile» à la société afin d'apporter des réponses concrètes aux besoins exprimés par le secteur socio-économique. «Cette rencontre intervient dans le prolongement du dialogue dont nous avons pris l'initiative d'établir, avec le monde de l'entreprise, la recherche est censée être l'élément moteur de la dynamique du développement. Nos chercheurs doivent désormais sortir de leur labo entre deux expérimentations, ils doivent communiquer et être proactifs pour donner un sens à leur recherche», soutient le directeur du Cdta, Dr Brahim Bouzouïa. En effet, une première rencontre a réuni des représentants du monde de la recherche scientifique avec une centaine d'entreprises publiques et privées, le dernier rendez-vous a eu lieu il y a une dizaine de jours au Cdta. «Les représentants du secteur économique nous ont exprimé leurs besoins, nous les avons accompagnés pour mieux exposer la nature des difficultés auxquelles ils font face. A la fin, nous avons identifié une quarantaine de problématiques sur lesquelles nous comptons travailler», déclare le Dr Traïche, modérateur des travaux. Selon notre interlocuteur, la recherche dans chaque centre s'articule autour d'axes spécifiques définis dans ses statuts, ce qui fait que les travaux de recherche restent enfermées sur des thèmes isolés dans la sphère théorique. Les résultats ont donc peu de chances d'être parachevés par des applications concrètes. «Les travaux de recherche devant aboutir sur des applications concrètes requièrent l'apport de compétences relevant de plusieurs disciplines, or sans cadre organisationnel fédérateur, il reste difficile de regrouper des spécialistes issus de différents laboratoires qui plus est sont dispersés dans différentes structures», nous explique le Dr Samir Tagzout, directeur adjoint du cdta. «Notre objectif est d'arriver à traduire ce rapprochement entre scientifiques et professionnels par des approches méthodiques, pour permettre la création de groupes d'équipes mixtes autour de projets intégrateurs», précise-t-il. Selon les participants, la rencontre a finalement servi à identifier plusieurs problématiques émises par les acteurs de la vie économique, des préoccupations qui ont attiré l'attention des chercheurs présents et les ont, apparemment, fortement motivés pour orienter leurs connaissances et leur savoir-faire vers des pistes utilitaires. A titre d'exemple, la gestion du trafic de l'autoroute Est-Ouest, selon des procédés modernes, a été évoquée par le représentants du cerist. En réponse à cette question, des chercheurs, issus de différents centre, ont discuté de la possibilité d'apporter une solution technologique pour un système de surveillance et d'information en temps réel. «Un service pareil sera une plus-value inestimable pour les usagers de l'autoroute. Ce matin même, j'ai mis deux heures pour venir ici au lieu de vingt minutes ! J'étais bloqué dans un goulot d'étranglement sur l'autoroute, une application de gestion de trafic m'aurait indiqué un détour plus fluide», relate un chercheur participant à la rencontre. Selon le même chercheur, l'opérateur de téléphonie Mobilis serait séduit par une telle application et l'opérateur a explicitement exprimé sa disposition à financer les laboratoires qui détiennent les compétences et seraient intéressés par le développement d'un tel système. Sonatrach serait également «demandeuse» de travaux en matière de reverse engineering pour étudier la possibilité de concevoir localement la fabrication de «composants» réalisés en alliage très développé, actuellement importés, mais jugé extrêmement onéreux. Sonatrach aurait également exprimé des sollicitations pour pourvoir à quelques soucis de maintenance des installations. L'entreprise serait aussi en quête de solutions relatives aux risques liés à la sécurité et à la pollution et que les responsables seraient sommés d'arranger avec les compétences locales. D'autres thématiques avec des objectifs liés aux besoins de l'industrie et du commerce ont été évoquées, des idées innovantes et compétitives pour la protection de l'environnement et du développement des énergies renouvelables ont également été présentées. A la fin des travaux, il y a eu au total une cinquantaines de propositions de projets multi partenaires intercentres, dont une bonne vingtaine réunissent plus de deux centres ; une première dans le domaine de la recherche en Algérie qui n'a jamais dépassé le cadre bilatéral. Les projets les plus mâtures bénéficieront du financement du fonds national pour la recherche, et selon la composition, «cluster» ou consortium, les projets auront accès aux installations et aux équipements mis en commun par des montages financiers établis et pilotés par des directoires mixtes. Une synthèse des travaux est actuellement en train d'être réalisée par le cdta, pour être examinée par tous les centres partenaires, afin de définir les projets retenus et développer leurs modalités d'exécution.