Après une rémission et un oubli qui auront duré des décennies, le colloque Cheikh El Bachir El Ibrahimi renaît de ses cendres. Auparavant, la manifestation ne dépassait pas le cadre de son petit village natal, Ouled Braham à Ras El Oued. Cette fois-ci les autorités n'ont pas lésiné sur les moyens pour rendre un grand hommage à cette figure emblématique de la renaissance algérienne. En effet, d'éminents chercheurs ont pris part au 2e séminaire sur la pensée d'El Ibrahimi organisé ce week-end à la maison de la culture du chef-lieu de wilaya Mohamed Boudiaf, entre autres, les docteurs Chourafa, Thabet, Amar Talbi, Imad Eddine El Rachid, doyen de la faculté des sciences islamiques de Damas, Othmane Amokrane, Amir Salah, Saïd Chibane, Ben Smina et Adjadj El Khatib, chef de département à l'université de Damas. En marge de ce séminaire, un proche de la famille qui détenait une partie non négligeable du patrimoine de l'imam nous a révélé quelques bribes de son parcours. Issu d'une famille récitant le Coran de père en fils, modeste comme en témoigne sa maison encore intacte construite avec les matériaux de l'époque, pierre et toit en tronc d'arbre, il clos le livre sacré à 8 ans, ainsi son grand-père, qui était mourant, a décidé en guise de remerciement à Dieu, d'égorger deux béliers pour immortaliser ce moment de bonheur. Le disciple partageait son temps entre la lecture et l'entretien de son grand-père alité. Sa persévérance était telle que à 11 ans, il accomplit avec son père son premier pèlerinage aux Lieux Saints et passe aux cribles fins les grandes œuvres touchant à toutes les sciences passant par les Moualakat de Imrie El Kaïs, Tarafa Ibn Abd El Mouataâ de Malik Ibn Anis, le livre des chansons de Ahmed Abi El Faradj El Asfahani, pour ne citer que celles-là. Ces œuvres sont toujours conservées en très bon état y compris celle d'Alphonse S., La pédagogie des indépendantistes. De retour de La Mecque, il change de cap et s'installe en Tunisie. Là, son disciple et fidèle compagnon, Si El Bachir Naoui, mort il y a 16 ans, évoquait la fameuse conférence improvisée par Cheikh El Bachir et qui aura duré 7 heures. Un des nobles qui avait beaucoup d'admiration pour l'imam et ses valeurs intrinsèques, lui proposa la main de sa fille, durant son court séjour en Tunisie qui porte à ce jour son nom. De retour à Ras El Oued, il prépare le domicile conjugal devant accueillir la nouvelle mariée, il dépêcha une délégation formée essentiellement des grands de la tribu d'Ouled Braham, sur Mezloug pour l'attendre comme elle devait arriver par train. Une nouvelle étape commence, à partir de là, il entame ses conquêtes, des périples qui le conduiront dans les contrées les plus lointaines pour prouver au monde que l'Algérie n'était pas française et de surcroît elle avait sa propre identité, une identité dépoussiérée par l'enfant prodigue de Ras El Oued. A l'instar des autres combats des enfants de l'Algérie profonde, Ben Badis, Larbi Tebessi, El Mili et autres.