Des associations s'activent sur le terrain pour fournir des vivres, des vêtements et des couvertures à des familles ayant fui la famine et la guerre. La première grande tempête de la saison a réveillé plus qu'une âme sensible à Jijel. La situation des dizaines de réfugiés nigériens en ces moments difficiles, caractérisés par une baisse de la température, de fortes chutes de pluie et des vents violents, a fini par susciter un mouvement de solidarité envers ces familles composées essentiellement de femmes et d'enfants. Certes, ces dernières ont compté sur la générosité des citoyens depuis leur arrivée, il y a quelques semaines dans la ville de Jijel, mais jusque-là, le climat n'était pas aussi inquiétant pour la santé de ces exilés. En compagnie de bénévoles, nous avons rendu visite à ces réfugiés qui passent la nuit près de la gare intermodale, à l'entrée Est de la ville de Jijel où l'on s'inquiète sérieusement de leur sort en cette soirée de jeudi 14 novembre. Il faut dire que la solidarité spontanée des riverains a permis de leur fournir des vivres, des vêtements, des couvertures et des tapis à ces familles divisées en deux groupes. Celles se trouvant à l'entrée ouest de la gare sont essentiellement originaires de la région d'Agades (centre du Niger). Questionnée à ce propos, Aïcha, une réfugiée venue d'Agades, nous dira que les familles du deuxième groupe sont originaires de Zunder, Maradi et Matamey (régions sahéliennes du sud du Niger, non loin de la frontière avec le Nigéria). Aïcha, qui parle français, nous dira que son groupe compte 5 familles comprenant 10 femmes, 18 enfants et 3 hommes, soit 31 personnes. Quant au second groupe, installé à l'Est de la gare, Mohamed, la quarantaine parlant plutôt l'arabe classique, estimera qu'il compte 80 personnes dont près de la moitié sont des femmes avec une trentaine d'enfants. Ces familles ont passé des mois à Tamanrasset, avant de partir vers le nord de l'Algérie. La plupart de ces personnes disposent de papiers délivrés par les services consulaires du Niger dans la capitale du Hoggar. «Il n'y a rien à manger chez nous. Ni nourriture ni habits ; nos parents et des membres de nos familles sont restés là bas, nous essayons de rassembler aussi de l'argent pour le leur envoyer afin qu'ils puissent s'acheter avec quoi survivre. Nous sommes des populations d'agriculteurs, seulement ces dernières années, nous avons souffert de la sécheresse qui a frappé la région», nous dira Mohamed. Il ne manquera pas de remercier Dieu et les algériens qui leurs sont venus en aide. Mobilisation sur les réseaux sociaux Les réfugiés avec lesquels nous avons discuté, reconnaissent que les dons en vêtements d'hiver ont été abondants. Ce qu'ils demandent pour l'heure actuelle, outre des vivres, se sont des couvertures et des matelas pour qu'ils puissent dormir au chaud. Outre les riverains et des anonymes, les bénévoles de l'association Nass Jijel ont commencé à distribuer des vivres et des vêtements. Cette association dont le siège se trouve dans le quartier Bencaïboune dans la ville haute de Jijel, a lancé un appel aux dons à travers les réseaux sociaux. Lors de notre première visite sur les lieux, nous avons rencontré un autre groupe de bénévoles. Il s'agit de Ness El Kheir Jijel qui lui s'est mobilisé sur les réseaux sociaux pour réunir des dons. Des bénévoles se réjouissent que les informations sur l'apparition dans certaines wilayas de cas de paludisme n'aient pas influé sur l'engagement de beaucoup de personnes au profit de ces réfugiés. Les discussions qui s'amorcent entre les différents groupes de bénévoles insistent sur le passage à une deuxième phase une fois l'action d'urgence achevée. En premier lieu, tout le monde s'accorde à tisser des canaux de communication entre les différents bénévoles pour assurer une meilleure efficacité dans la distribution des vivres, couvertures et vêtements. Cette communication permettra une meilleure organisation des actions de solidarité avec ces réfugiés. Tout le monde insiste sur l'urgence de trouver un lieu d'hébergement à ces familles en prévision de l'hiver. Une implication des autorités locales est souhaitée et même des propositions seront faites sur des lieux pouvant accueillir ces familles fuyant leurs terres durement touchées par la sécheresse et la guerre. La première proposition qui est venue à l'esprit des bénévoles est la pêcherie du centre-ville de Jijel, fermée depuis longtemps. Tout le monde trouve l'idée idéale. Une bâtisse dotée de toilettes et raccordée au réseau d'eau potable, et sans voisinage immédiat qui pourrait causer une réaction des habitants.